La rivalité du Japon avec la Chine en Afrique et la ferme volonté de Tokyo de se différencier de son puissant voisin sur un continent politiquement et économiquement stratégique seront au cœur de la huitième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (Ticad 8) qui se déroule les 27 et 28 août, à Tunis.

L’événement, devenu triennal après avoir été quinquennal de 1993 à 2013, et organisé alternativement au Japon et en Afrique depuis 2016, doit se traduire par la promesse d’investissements dans les ressources humaines, d’aide alimentaire ou encore de développement des infrastructures, formulée à distance par le premier ministre nippon, Fumio Kishida, contraint de rester à Tokyo après avoir contracté le Covid-19.

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Il s’agit pour la conférence de soutenir le continent dans la triple crise qu’il affronte : sanitaire avec le Covid-19, climatique et, surtout, alimentaire. « La pandémie et les difficultés d’approvisionnement causées par la guerre entre l’Ukraine et la Russie ont exacerbé la malnutrition », rappelle Shinjiro Amameishi, adjoint au développement au sein de l’Agence japonaise de coopération internationale, chargée de concrétiser les engagements de l’aide nippone.

« Relation d’égal à égal »

Le Japon doit annoncer 17,8 milliards de yens (124 millions d’euros) d’aides pour la production alimentaire. Il insistera sur les initiatives en place dans ce domaine comme la Coalition pour le développement de la riziculture en Afrique. Celle-ci vise un doublement à 56 millions de tonnes d’ici à 2030 de la production de riz sur le continent par un soutien aux agriculteurs et aux gouvernements pour élaborer des stratégies de développement de la filière. Le Japon veut aussi former 300 000 personnes en trois ans dans le domaine sanitaire, pour faire face aux maladies contagieuses et agricoles.

Le secteur privé bénéficiera d’aides accrues à des programmes à succès, comme le Next Innovation with Japan, qui soutien la création de start-up sur le continent. Lancé en 2020, il a déjà permis de créer une dizaine de sociétés engagées notamment dans la logistique et la santé. Le Japon va débloquer 5 milliards d’euros sur trois ans pour des infrastructures « de qualité » et 4 milliards d’euros pour les énergies renouvelables.

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A travers ces initiatives, Tokyo veut poursuivre sur la voie tracée depuis la première Ticad en 1993, à savoir promouvoir « le partenariat et l’appropriation par l’Afrique de son développement » et entretenir « une relation d’égal à égal et non de donneur et récipiendaire », explique Tadayuki Miyashita, directeur général adjoint pour l’Afrique au sein du ministère des affaires étrangères nippon. Ces principes ont amené le Japon à associer aux Ticad le Programme des Nations unies pour le développement, l’Union africaine ou encore la Banque mondiale. Ils l’ont aidé à se forger une bonne image sur le continent, renforcée par le fait qu’il tient scrupuleusement ses engagements.

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Source : Le Monde.fr

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