Le spectre d’un tel scénario ressurgit régulièrement depuis l’arrivée à la Maison Blanche de Donald Trump, qui accuse plusieurs pays de manipuler leur devise.

Par Publié aujourd’hui à 11h34, mis à jour à 11h35

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Le président des Etats-Unis, Donald Trump, semble penser que la relative force du billet vert est forcément le résultat d’actions offensives de grandes banques centrales étrangères. Or, rien n’est moins vrai.
Le président des Etats-Unis, Donald Trump, semble penser que la relative force du billet vert est forcément le résultat d’actions offensives de grandes banques centrales étrangères. Or, rien n’est moins vrai. Kim Hong-Ji / REUTERS

La guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine peut-elle dégénérer en guerre des monnaies ? Depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, en janvier 2017, le spectre d’un tel scénario ressurgit régulièrement. Jeudi 23 mai, le ministère américain du commerce a indiqué réfléchir à une nouvelle réglementation permettant d’imposer des droits compensateurs aux pays agissant « pour sous-évaluer leur monnaie par rapport au dollar » et « subventionner leurs exportations ».

En juillet 2018, le président républicain accusait « la Chine et l’Union européenne » de « manipuler leur monnaie en baissant leur taux d’intérêt ». En février 2017, il reprochait à l’Allemagne de « profiter d’un euro sous-évalué », après avoir accusé le Japon d’en faire autant avec le yen…

M. Trump semble penser que la relative force du billet vert est forcément le résultat d’actions offensives de grandes banques centrales étrangères. Or, rien n’est moins vrai : celle-ci est avant tout le fruit de la politique de la Réserve Fédérale (Fed) elle-même. Fin 2015, prenant acte de la bonne santé de l’économie américaine, elle a en effet commencé à remonter ses taux directeurs : ils évoluent aujourd’hui entre 2,25 et 2,50 %, alors qu’ils sont toujours proches de zéro dans la zone euro et au Japon. Résultat : les placements aux Etats-Unis offrent des rendements plus élevés que sur le Vieux Continent et l’archipel nippon, attirant les investisseurs. Ce qui a mécaniquement fait grimper le cours du dollar en 2017 et 2018.

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Est-ce à dire qu’aucun pays, aujourd’hui, n’agit volontairement sur sa devise ? La réponse est plus complexe qu’il n’y paraît. Prenez l’empire du Milieu. Il est vrai que, pendant les années 1990, et jusqu’à la crise de 2008, la Banque centrale de Chine (PBoC) a accumulé des montagnes de dollars (détenus sous forme de bons du Trésor américain) pour maintenir un yuan artificiellement bas, afin de soutenir ses exportations. Mais, depuis 2015, sa stratégie a changé. Elle intervient beaucoup moins, en partie parce que le modèle économique du pays évolue : moins dépendant des exports, il se tourne de plus en plus vers sa consommation intérieure.

Dans son dernier rapport bi-annuel sur les politiques de change, paru en octobre, le Trésor américain admettait d’ailleurs que, contrairement aux déclarations tonitruantes de Trump, la Chine ne manipulait pas sa monnaie – tout en la laissant sous « surveillance », avec cinq autres pays : l’Inde, le Japon, la Suisse, la Corée du Sud, mais aussi l’Allemagne, dont les excédents commerciaux record agacent Washington.

Source : Le Monde.fr

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