Israel Galván danse avec les robots

Dans son nouveau spectacle, la star du flamenco initie une discussion chorégraphique avec une collection de machines. Une performance créée en complicité avec l’expert japonais en intelligence artificielle Nao Tokui.

Par Publié aujourd’hui à 10h19

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Israel Galván dans son spectacle de flamenco « Israel & Israel », présenté dans le cadre de Némo, Biennale des arts numériques, à la Maison du Japon, à Paris.
Israel Galván dans son spectacle de flamenco « Israel & Israel », présenté dans le cadre de Némo, Biennale des arts numériques, à la Maison du Japon, à Paris. Yuki Moriya/Courtesy of Yamaguchi Center for Arts and Media

« Israel & Israel ». Le titre du nouveau spectacle d’Israel Galván met en miroir la star du flamenco avec un jumeau. Mais de qui s’agit-il ? D’un robot, et même d’une collection de machines avec lesquelles le danseur dialogue dans cette performance créée en complicité avec l’expert japonais en intelligence artificielle Nao Tokui.

Alter ego virtuel

Cette incroyable opération a pu voir le jour dans le cadre d’un programme de recherche piloté par l’institut japonais Yamaguchi Center for Arts and Media (YCAM), datant de 2003 et situé au carrefour de l’art et des nouvelles technologies. C’est lors d’une tournée au Japon d’Israel Galván, en 2016, qu’Akiko Takeshita, productrice au YCAM, est conquise par le flamenco follement crépitant et nuancé du danseur. Elle lui propose de collaborer avec des ingénieurs de YCAM pour concevoir un alter ego virtuel qui fasse écho à la partition sonore de sa danse et la remixe.

« Dans cette performance, les dispositifs répondent à mes impulsions. »

Serons-nous capables de développer une existence qui puisse danser avec Israel ? s’est d’abord interrogée l’équipe d’ingénieurs, qui avait déjà travaillé avec le collectif d’artistes japonais Dumb Type, l’artiste musical Ryoji Ikeda et le musicien oscarisé Ryuichi Sakamoto.

Curieux, Galván plonge dans l’aventure avec gourmandise. « J’ai toujours dansé seul. Et puis, au fil des années, j’ai intégré des objets dans mon spectacle, comme une chaise, pour ne pas me sentir seul, confiait-il à l’issue de la présentation de la pièce en février 2019 au Yamaguchi. Il fallait que je donne vie à ces accessoires tandis que dans cette performance, les dispositifs répondent à mes impulsions. »

Sur scène, des miniboîtiers balancent des sons directement inspirés par le zapateado de Galván en lui proposant aussi des surprises et variations rythmiques. Un choc épatant dans un feu d’artifice de claquements réels et électro. Ce spectacle est le fruit de deux ans de recherche avec Nao Tokui et une équipe d’une vingtaine de techniciens et de programmeurs.

« Je ne suis plus seul, c’est vraiment comme si je dansais avec une présence. »

Galván a fait enregistrer sa danse grâce à une paire de chaussures spécialement conçue pour l’occasion. Pour saisir la pression des pieds, les appuis, les rythmes, les vibrations, des capteurs ont été intégrés dans les talons et dans les semelles de ses bottes. Des données ensuite digérées, retraduites par des logiciels et enseignées à une intelligence artificielle.

Source : Le Monde.fr

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