Le premier ministre fait entrer des figures nationalistes dans le but d’affranchir son pays de l’interdiction de recours à la guerre datant de 1947.

Par Publié aujourd’hui à 17h10

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Tokyo, mercredi 11 septembre. Le premier ministre japonais Shinzo Abe (premier rang au centre) et son nouveau gouvernement.
Tokyo, mercredi 11 septembre. Le premier ministre japonais Shinzo Abe (premier rang au centre) et son nouveau gouvernement. Eugene Hoshiko / AP

Soucieux d’accélérer la délicate et guère populaire réforme de la constitution pacifiste, le premier ministre japonais, Shinzo Abe, remanie son gouvernement et la direction du Parti libéral démocrate (PLD), qu’il préside. D’une teinte fortement nationaliste, voire révisionniste, le quatrième cabinet formé depuis son retour au pouvoir en 2012 est entré en fonction mercredi 11 septembre après une cérémonie au palais impérial.

Organisé autour des fidèles, Yoshihide Suga, secrétaire général et stratège de l’administration, et Taro Aso, vice premier ministre et ministre des finances – par ailleurs à la tête d’une puissante faction au sein du PLD –, il compte treize novices à ce niveau, sur dix-neuf.

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Figure marquante de ce remaniement, Shinjiro Koizumi est nommé à l’environnement, un poste mineur de l’administration Abe. Fils de l’ancien premier ministre Junichiro Koizumi (2001-2006), M. Koizumi, 38 ans, est élu du fief familial de Kanagawa, au sud de Tokyo. Diplômé de la modeste université Kanto Gakuin, le séduisant héritier, pressenti pour succéder à M. Abe, a jusque-là plus brillé par ses apparitions médiatiques que pour ses activités politiques. C’est devant une foule de caméras qu’il a annoncé en août, et depuis les bureaux du premier ministre, son mariage avec une présentatrice franco-japonaise, Christel Takigawa.

Féminisation limitée

Outre Shinjiro Koizumi, d’autres personnalités, toutes membres de l’organisation nationaliste Nippon Kaigi et proches du premier ministre, décrochent leur premier portefeuille. Koichi Hagiuda, connu pour son révisionnisme historique, prend la charge de l’éducation. Isshu Sugawara, ex-adjoint de M. Suga, va diriger le ministère de l’économie, administration choyée par M. Abe. M. Sugawara remplace Toshimitsu Motegi qui va gérer la diplomatie à la place de Taro Kono, nommé à la défense dont le sortant, Takeshi Iwaya, a été jugé trop doux dans la gestion de la crise actuelle avec la Corée du Sud.

La féminisation du gouvernement reste par ailleurs limitée. Il y avait une ministre. Il y en a désormais deux : Sanae Takaichi, proche de l’extrême droite jusqu’à s’afficher avec un militant néonazi, Kazunori Yamada, reprend le portefeuille de la gestion publique qu’elle avait occupé de 2014 à 2017. L’ancienne patineuse de vitesse et cycliste olympique Seiko Hashimoto obtient celui des Jeux de Tokyo 2020.

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Remanié après sa victoire aux sénatoriales du 21 juillet, le nouveau gouvernement doit maintenir l’image d’une administration dont le taux de soutien tourne autour de 45 %, et faire avancer la réforme de la Constitution de 1947 qui interdit le recours à la guerre. M. Abe voudrait concrétiser cette ambition avant la fin de son mandat, en septembre 2021.

Celui qui deviendra, en novembre, le premier ministre ayant occupé ce poste le plus longtemps au Japon concrétiserait une ambition familiale. Son père, l’ancien ministre des affaires étrangères Shintaro Abe et son grand-père, le premier ministre Nobusuke Kishi (1957-1960), avaient milité en ce sens.

Source : Le Monde.fr

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