Une exposition a dû être écourtée en raison des menaces proférées contre la présence d’une œuvre symbolisant les femmes de « réconfort ».

Par Publié aujourd’hui à 05h18, mis à jour à 07h37

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« Statue d’une fille de la paix », des artistes sud-coréens Kim Seo-kyung et Kim Eun-sung, exposée à Nagoya au Japon, le 3 août.
« Statue d’une fille de la paix », des artistes sud-coréens Kim Seo-kyung et Kim Eun-sung, exposée à Nagoya au Japon, le 3 août. KYODO / REUTERS

LETTRE DE TOKYO

Taxto Benet a décidé d’acheter la sculpture bannie de la triennale d’art du département d’Aichi, dans le centre du Japon. La Statue d’une fille de la paix des artistes sud-coréens Kim Seo-kyung et Kim Eun-sung va se retrouver dans la collection de son musée en devenir à Barcelone, consacré à la liberté. Elle devrait siéger aux côtés d’œuvres censurées dans différents pays.

La décision de M. Benet suit la polémique provoquée par l’ordre donné aux organisateurs de la triennale, débutée le 1er août et programmée jusqu’au 14 octobre, de ne plus présenter cette œuvre par mesure de sécurité : la direction de l’événement a reçu 770 lettres de menaces pour avoir choisi d’exposer un travail symbolisant les femmes dites « de réconfort » – des Coréennes, des Chinoises ou encore des Néerlandaises contraintes de se prostituer pour l’armée impériale nippone pendant la guerre.

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« Abattre le personnel de la triennale »

Les organisateurs l’avaient intégrée à une exposition titrée « Après la liberté d’expression ». Une vingtaine d’œuvres la composaient, notamment une calligraphie d’un poème défendant l’article 9 de la Constitution, qui affirme le renoncement du Japon à la guerre ou encore une installation vidéo de portraits se consumant – l’un d’eux était celui de l’empereur Hirohito (1901-1989).

L’exposition, finalement fermée le 6 août, illustrait la thématique générale de la triennale. Intitulée « Taming Y/Our Passion », ou « Jo no jidai » (l’âge de la passion), elle avait pour ambition d’explorer le lien entre émotion, information et compassion. Le directeur artistique, ancien journaliste, Daisuke Tsuda, insistait sur le pouvoir de la compassion à une époque de fortes émotions exacerbées par le flot incessant d’informations. Y étaient exposées des œuvres comme The Kiss du collectif Exonemo qui explore l’amour à l’âge du numérique ou Vocabulaire de la solitude (2014-2016) du Suisse Ugo Rondinone.

La présence de la statue sud-coréenne, similaire à celle exposée devant l’ambassade du Japon à Séoul et dans plusieurs villes des Etats-Unis (comme San Francisco), apparaît comme la principale cause des attaques. Certains ont menacé de « mettre le feu à des écoles ou des installations du département » ou de « répandre du gaz sarin près de la préfecture », voire « d’abattre le personnel de la triennale ». Un homme a été arrêté pour avoir proféré des menaces.

Source : Le Monde.fr

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