Télévision dans une gare de Séoul montrant le tir d’un missile nord-coréen, le 16 mars 2023.

Pyongyang a tiré jeudi 16 mars un missile balistique intercontinental (ICBM) en direction de la mer du Japon, a annoncé Séoul, quelques heures avant l’arrivée à Tokyo du président sud-coréen, Yoon Seok-youl.

« Notre armée a détecté un missile balistique de longue portée tiré depuis la zone de Sunan à Pyongyang », a affirmé l’état-major interarmées à l’Agence France-Presse (AFP), précisant qu’il s’agissait d’un ICBM.

Lors d’une réunion du Conseil national de sécurité, M. Yoon a appelé au renforcement de la coopération trilatérale avec le Japon et les Etats-Unis, ajoutant que « la Corée du Nord paiera un prix juste pour ces provocations inconsidérées », a rapporté son bureau dans un communiqué.

Tokyo a fait savoir que le missile avait atteint une altitude maximale de plus de 6 000 kilomètres. Le premier ministre nippon, Fumio Kishida, a annoncé à la presse qu’il rencontrerait les ministres du Conseil national de sécurité. « La paix et la stabilité dans la région sont des questions très importantes pour les pays concernés », a souligné M. Kishida.

Premier sommet en douze ans

Le lancement a eu lieu quelques heures avant que les dirigeants de la Corée du Sud et du Japon se rencontrent à Tokyo, les programmes nucléaire et balistique de Pyongyang devant être au centre de leurs discussions. Ce sommet est le premier en douze ans entre les deux puissances voisines, qui cherchent à réparer des liens longtemps mis à mal par les atrocités commises par le Japon au cours de ses trente-cinq années de domination coloniale sur la Corée (1910-1945).

Les deux pays augmentent actuellement leurs dépenses en matière de défense et organisent régulièrement des exercices militaires conjoints, ce qui, selon M. Yoon, est essentiel pour la stabilité régionale et mondiale. « La Corée du Sud et le Japon ont de plus en plus besoin de coopérer en cette période de [crises multiples] où les menaces nucléaires et balistiques de la Corée du Nord s’intensifient », a soutenu mercredi le président sud-coréen, Yoon Seok-youl, lors d’un entretien avec plusieurs médias, dont l’AFP.

Il s’agit de la troisième démonstration de force de Pyongyang depuis dimanche, au moment où la Corée du Sud et les Etats-Unis organisent pendant cette semaine leurs plus grands exercices militaires conjoints en cinq ans.

« Justifier ses activités hostiles »

La Corée du Nord a programmé ce lancement le jour du sommet pour obtenir un « double effet », à savoir un avertissement à ses voisins et une protestation contre les exercices conjoints entre les Etats-Unis et la Corée du Sud, selon des experts. Au début de mars, le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, a ordonné à son armée d’intensifier ses manœuvres militaires en vue d’une « guerre réelle ».

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« Pour une Corée du Nord qui cherche constamment des excuses pour justifier ses activités hostiles et le développement de ses armes, c’est le moment idéal pour Kim de déployer ses missiles », a relevé Soo Kim, ancien analyste de la CIA en Corée, qui travaille aujourd’hui au sein de la société de conseil en gestion LMI.

Leif-Eric Easley, professeur à l’université Ewha de Séoul, a estimé que par cet essai Kim Jong-un voulait, d’une part, « menacer Tokyo », qui souhaite « approfondir la coopération trilatérale avec Washington et Séoul », et, d’autre part, « dissuader la Corée du Sud de mener d’autres exercices de défense avec les Etats-Unis ». Washington et Séoul ont renforcé leur coopération en matière de défense face aux menaces militaires et nucléaires croissantes de Pyongyang, qui a multiplié les essais d’armes au cours des derniers mois.

« Répétitions »

La Corée du Nord a tiré deux missiles balistiques à courte portée mardi, et deux missiles de croisière stratégiques depuis un sous-marin dimanche, quelques heures avant le début des exercices américano-sud-coréens. Baptisés « Freedom Shield », ces exercices ont débuté lundi et doivent durer dix jours. Ils se focalisent sur « l’évolution de l’environnement de sécurité » due à l’agressivité redoublée de la Corée du Nord, ont déclaré les alliés.

La Corée du Nord, qui considère ces exercices comme des répétitions en vue d’une invasion, promet régulièrement une action « écrasante » en réponse. Le test de jeudi « peut être une répétition de lancement d’ICBM à angle normal ou une vérification des préparatifs du Nord en vue du lancement d’un satellite de reconnaissance », a déclaré à l’AFP Yang Moo-jin, professeur à l’université d’études nord-coréennes de Séoul.

Pyongyang n’a jamais tiré ses missiles les plus puissants sur une trajectoire normale, et les experts doutent que ceux-ci disposent de la technologie nécessaire pour survivre à une entrée dans l’atmosphère. La Corée du Nord, qui s’est déclarée l’année dernière puissance nucléaire « irréversible », a auparavant annoncé que le lancement d’un satellite de reconnaissance militaire était l’une de ses priorités.

Le Monde avec AFP

Source : Le Monde.fr

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