Tout un symbole. Les Umaibo, ces barres de maïs soufflé très populaires au Japon, dont le prix de 10 yens (7,7 centimes) n’avait pas changé depuis 1979, coûtent désormais 2 yens de plus (1,5 centime). Cette décision du confiseur Yaokin illustre la nouvelle donne que connaît l’Archipel. Le pays, enlisé depuis les années 1990 dans la déflation, enregistre, ces derniers mois, une poussée inflationniste alimentée par l’explosion des coûts de l’énergie et des matières premières dans le sillage de la pandémie de Covid-19 et de la guerre en Ukraine. Un phénomène exacerbé par la forte baisse du yen face au dollar. Selon la Banque du Japon, l’inflation pourrait ainsi atteindre 2 % en avril, soit l’objectif recherché depuis 2013 par la banque centrale.

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Cette hausse des prix se fait déjà sentir. « J’habite à la campagne. La vie est moins chère qu’à Tokyo. Mais je m’inquiète, car les factures d’électricité et de gaz ont déjà crû de 20 % », admet un responsable de production – soucieux de son anonymat – d’un groupe industriel du département de Tochigi, au nord de Tokyo. Son employeur a augmenté le salaire moyen de 0,5 %, soit 1 500 yens (11,20 euros). « Mais la hausse des prix efface celle du salaire, j’ai l’impression que l’on ne cesse de s’appauvrir », regrette ce père de deux enfants.

Le shunto (« offensive de printemps »)ces négociations salariales annuelles qui rythment, depuis 1954, la vie des salariés nippons – s’est, en effet, achevé sur un bilan mitigé. Certes, la majoration moyenne des rémunérations atteint 2,14 %, soit 6 581 yens (49,20 euros). A la suite de Toyota, le groupe qui donne le « la », 776 grandes entreprises de tous les secteurs ont accepté, jeudi 24 mars, les demandes syndicales. La hausse atteint ainsi 2,6 % chez Hitachi, 2,5 % chez Toshiba…

Prudence persistante des entreprises

Des revalorisations non négligeables dans un pays où les salaires stagnent depuis la crise asiatique de 1997. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le salaire moyen dans la troisième économie du monde s’établissait à 35 044 euros en 2020, contre 34 934 euros en 1997. En Corée du Sud, il a bondi, sur la même période, de 19 862 euros à 38 178 euros.

« Les hausses annoncées cette année sont un peu meilleures que prévu, mais le rythme reste insuffisant pour stimuler l’économie », regrette Hisashi Yamada, économiste de l’Institut japonais de recherche. Elles sont aussi loin des attentes du gouvernement. Le premier ministre, Fumio Kishida, promoteur d’un « nouveau capitalisme », axé sur une meilleure redistribution des richesses, plaidait pour 3 % d’augmentation.

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Source : Le Monde.fr

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