La Corée du Sud rompt un accord de partage de renseignements militaires avec le Japon

Le Pentagone s’est déclaré « très inquiet » par la décision de Séoul, dans un contexte de tensions accrues entre les deux alliés de Washington dans la région.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 00h44, mis à jour à 00h53

Temps de Lecture 2 min.

Manifestation devant l’ambassade du Japon en Corée du Sud après l’annonce de Séoul de rompre un accord de partage de renseignements militaires existant avec Tokyo, le 22 août.
Manifestation devant l’ambassade du Japon en Corée du Sud après l’annonce de Séoul de rompre un accord de partage de renseignements militaires existant avec Tokyo, le 22 août. Lee Jin-man / AP

La tension monte entre les deux alliés asiatiques des Etats-Unis. Le Pentagone s’est dit, jeudi 22 août, « très inquiet et déçu » par la décision de Séoul de rompre un accord de partage de renseignements militaires existant avec Tokyo.

« Nous sommes fermement convaincus que l’intégrité de notre défense mutuelle et de nos liens de sécurité doit être maintenue, malgré les frictions dans d’autres secteurs des relations entre la Corée du Sud et le Japon », a déclaré un porte-parole du Pentagone, le lieutenant-colonel Dave Eastburn. « Nous maintiendrons une coopération de défense bilatérale et trilatérale, lorsque cela sera possible », a-t-il conclu.

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En déplacement au Canada, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a, lui, appelé les deux pays à « maintenir le dialogue ». « Nous exhortons chacun des deux pays à continuer à coopérer », a-t-il réagi lors d’une conférence de presse avec son homologue canadienne Chrystia Freeland.

« Il est certain que les intérêts communs du Japon et de la Corée du Sud sont importants, notamment pour les Etats-Unis. Nous espérons que ces deux pays vont pouvoir remettre leur relation là où elle doit être. »

Geste « extrêmement regrettable »

« Nous avons décidé qu’il n’était pas dans l’intérêt national de maintenir l’accord qui a été signé avec l’objectif d’échanger des renseignements militaires sensibles », a annoncé, jeudi, Kim You-geun, le directeur-adjoint du bureau de la sécurité nationale de la « Maison bleue », le siège de la présidence sud-coréenne, en référence à un pacte connu sous le nom de GSOMIA.

Le ministre japonais des affaires étrangères a qualifié ce geste d’« extrêmement regrettable » : « Je dois dire que la décision de mettre fin à ce pacte par le gouvernement sud-coréen est une totale erreur de jugement de la situation de la sécurité régionale. »

Les relations entre Tokyo et Séoul sont plombées depuis des décennies par des contentieux hérités de l’époque où la péninsule était une colonie nippone (1910-1945).

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La brouille a connu une nette aggravation ces dernières semaines, après que des tribunaux sud-coréens eurent exigé d’entreprises japonaises qu’elles dédommagent des Sud-Coréens qui avaient été forcés de travailler dans leurs usines durant l’occupation japonaise jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale. Tokyo a riposté le 2 août en décidant de rayer la Corée du Sud d’une liste d’Etats bénéficiant d’un traitement de faveur, mesure perçue comme une sanction par Séoul qui a répliqué aussitôt avec une radiation similaire.

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Ce conflit latent est un casse-tête pour Washington, qui compte sur la coopération entre le Japon et la Corée du Sud pour appuyer sa politique dans une région particulièrement tendue du fait de la menace nucléaire nord-coréenne et de la montée en puissance de la Chine.

Source : Le Monde.fr

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