Le premier ministre japonais, Fumio Kishida, à Tokyo, le 21 décembre 2021. Le premier ministre japonais, Fumio Kishida, à Tokyo, le 21 décembre 2021.

Le Japon reste fâché avec les chiffres officiels. Le premier ministre, Fumio Kishida, est apparu contrit, mardi 25 janvier, après les révélations d’« erreurs » dans les demandes budgétaires pour l’exercice 2022 commençant en avril, formulées par les ministères de la justice, de l’éducation et des transports. Certains montants étaient faux. Des allocations prévues manquaient des précisions nécessaires quant à leur destination. « J’ai ordonné que cela ne se reproduise pas », a tonné M. Kishida, alors que son administration se prépare à des discussions difficiles sur un budget fixé à 107 600 milliards de yens (836 milliards d’euros), un record.

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Ce couac suit les sanctions annoncées le 21 janvier contre dix hauts fonctionnaires accusés d’avoir couvert la surestimation des statistiques mensuelles des mises en chantier dans l’immobilier, l’un des 53 indicateurs-clés du gouvernement pour mesurer l’activité économique.

Découverte début 2019, dissimulée dans un premier temps et finalement révélée au public fin 2021, cette pratique illégale était à l’œuvre depuis plus de vingt ans. Elle aurait faussé le calcul du produit intérieur brut (PIB). Le ministre des transports, Tetsuo Saito, l’a qualifiée de « regrettable » et jugé « abominables » les tentatives de dissimulation.

« Une honte pour un pays industrialisé »

Le quotidien de centre gauche Asahi n’a pas hésité à comparer cette manipulation des chiffres à celle du déficit public grec, qui avait précipité la zone euro dans la crise des dettes souveraines, en 2010. Pour le journal, le tripatouillage révélé au Japon est « une honte pour un pays industrialisé », alors que les statistiques officielles sont « les signes vitaux de l’économie, comme la température, le pouls et la tension pour les humains ».

Et le titre de déplorer la récurrence de cette « légèreté » dans le traitement des statistiques. Fin 2018, le ministère du travail avait reconnu la manipulation des données sur les salaires. La loi obligeait les fonctionnaires du ministère à consulter l’ensemble des entreprises de plus de 500 salariés pour calculer l’évolution mensuelle des revenus, mais ils ne collectaient les données qu’auprès d’un tiers d’entre elles.

Avec des conséquences graves : si le ministère du travail évoquait pour 2018 une hausse du salaire moyen, ajusté de l’inflation, de 0,2 %, l’opposition parlementaire estimait qu’il avait en réalité baissé de 0,4 %. Or cette statistique sert à calculer les allocations-chômage ou les primes d’assurance versées aux accidentés du travail. Près de 20 millions de personnes avaient été lésées, avait admis le ministère.

Source : Le Monde.fr

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