Antonio Inoki, lors d’une conférence de presse, à Tokyo, le 13 septembre 2017. Antonio Inoki, lors d’une conférence de presse, à Tokyo, le 13 septembre 2017.

Si l’on demande à un Japonais ou à une Japonaise quel nom de catcheur leur vient spontanément à l’esprit, rares sont ceux et celles qui ne disent pas Antonio Inoki. Par sa présence sur le ring, sans le moindre accoutrement qu’affectionnent souvent désormais ses homologues, sa carrure imposante, sa stature (1,90 mètre), son agilité et son esprit combatif, dont son fameux signe de la main à son adversaire signifiant « approche, approche », Inoki était devenu une légende de ce que les Japonais nomment puroresu (pro-wres, raccourci de l’anglais professional wrestling, lutte professionnelle).

En dépit de quelques tentatives avant la seconde guerre mondiale, le catch comme sport de divertissement ne s’est imposé dans l’Archipel qu’au début des années 1950 avec Rikidozan (Kim Sin-rak), l’idole des rings de l’époque pour les « raclées » qu’il donnait à ses adversaires américains, au grand bonheur du public en quête d’un héros local tenant tête aux vainqueurs. Marginalisé dans le sumo, qu’il pratiquait au début, en raison de ses origines coréennes, il était passé au catch.

Rikidozan, son mentor

Antonio Inoki (Kanji Inoki de son véritable nom), né le 20 février 1943 à Yokomhama, avait perdu son père alors qu’il avait 5 ans et sa famille avait immigré à Sao Paulo, au Brésil. Rapidement, le jeune garçon fit preuve d’aptitudes pour l’athlétisme et le karaté. A 17 ans, il fit la connaissance de Rikidozan en tournée à Sao Paulo. Sentant le potentiel de ce jeune athlète, le catcheur lui proposa de retourner avec lui au Japon et de l’entraîner. Rikidozan mourra en 1963 des suites d’une altercation dans un bar avec un truand qui l’avait poignardé. Mais, pour Inoki, le chemin était tracé. Il remporta sa première victoire trois ans plus tard en battant l’américain Johnny Valentine. Puis, il enchaîna les victoires.

Antonio Inoki serre la jambe du boxeur américain Chuck Wepner, dit « Bayonne », lors d’un combat à Tokyo, le 26 octobre 1977. Antonio Inoki serre la jambe du boxeur américain Chuck Wepner, dit « Bayonne », lors d’un combat à Tokyo, le 26 octobre 1977.

Au summum de la notoriété, il fonda en 1972 la fédération de catch du Japon (New Japan Pro-Wrestling), qui contribua à l’essor de ce sport dans l’Archipel. Quatre ans plus tard, il affrontait Mohamed Ali, le champion du monde de boxe, venu expressément à Tokyo pour participer à un match mélangeant boxe et catch.

Retransmis dans le monde entier, le match fut moins spectaculaire qu’on l’attendait : la plupart du temps couché sur le dos, Inoki cherchait à faucher les jambes de son adversaire à coups de pied sans que celui-ci, dansant autour du ring, réussisse à lui porter plus de deux coups de poing en dix reprises… A la fin de ce match sans vainqueur, les fans d’Ali, outragés par la tactique d’Inoki, lancèrent toutes sortes de choses sur le ring. « J’ai fait de mon mieux », dira ce dernier pour s’excuser, « debout, je n’avais aucune chance ». En tout cas, il était devenu mondialement célèbre. Avec sa mâchoire carrée, son rire carnassier et son immanquable écharpe rouge, qu’il portait comme un fétiche en montant sur le ring, il faisait la « une » des journaux.

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Source : Le Monde.fr

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