L’ancien gouverneur de Tokyo Shintaro Ishihara, lors d’une conférence de presse à Tokyo, le 13 novembre 2012. L’ancien gouverneur de Tokyo Shintaro Ishihara, lors d’une conférence de presse à Tokyo, le 13 novembre 2012.

Ecrivain à succès devenu politicien, figure du nationalisme nippon, ancien gouverneur de Tokyo et adepte des attaques contre les étrangers, Shintaro Ishihara, est mort à Tokyo le 1er février, à l’âge de 89 ans.

Fils d’un cadre de la compagnie maritime Yamashita kisen, Shintaro Ishihara est né à Kobe (ouest) le 30 septembre 1932 et a grandi à Zushi, au sud de Tokyo. Entré à l’université Hitotsubashi, à Tokyo, pour devenir comptable agréé, ce lecteur de Jean Cocteau, Raymond Radiguet ou encore Ernest Hemingway, renonce assez vite à cette voie et se lance dans la littérature.

En 1956, deux mois avant l’obtention de son diplôme, il décroche le prix Akutagawa (le « Goncourt japonais ») avec La Saison du soleil (Julliard, 1958 et Belfond, 2022), roman à succès dépeignant les tumultes de la jeunesse japonaise de l’époque, adapté par la suite au cinéma avec dans le rôle principal, son frère Yujiro (1934-1987). Dans les années 1960, Shintaro Ishihara écrit, crée une compagnie théâtrale, réalise des films. « Si j’avais continué, je serais devenu meilleur qu’Akira Kurosawa », déclare-t-il au magazine Playboy.

Il traverse le Pacifique à la voile et l’Amérique du Sud à moto, un périple dont il tire un mémoire : 10 000 kilomètres à travers l’Amérique latine. Le quotidien conservateur Yomiuri l’envoie couvrir la guerre du Vietnam en 1966-1967.

L’expérience incite celui qui fréquente l’écrivain nationaliste Yukio Mishima (1925-1970), à se lancer en politique. Parlementaire très largement élu en 1968 sous l’étiquette du Parti libéral-démocrate au pouvoir (PLD), il rejoint le mouvement anticommuniste Seirankai, dont les membres prêtent serment avec leur sang.

Sorties xénophobes

Il progresse dans le parti sans parvenir à en prendre la tête, ce qui l’empêche de devenir premier ministre. Son échec tient en partie à ses positionnements controversés. En 1989, il signe avec le patron de Sony, Akio Morita, un pamphlet antiaméricain, Le Japon qui peut dire non. Il multiplie les sorties, à caractère souvent xénophobe, contre les Chinois, les Coréens et les Occidentaux, qu’il accuse de crimes et d’être responsables d’une insécurité grandissante. Il s’en prend même à la langue française, qu’il juge « inapte au calcul ».

Partisan d’un Japon doté de l’arme nucléaire, Ishihara affiche un révisionnisme décomplexé. Ce membre de l’influente organisation d’extrême droite Nippon Kaigi, nie la réalité du massacre de Nankin de 1937 par les troupes japonaises. « C’est une histoire inventée par les Chinois, qui a terni l’image du Japon. C’est un mensonge », déclare-t-il en 1990. Il attaque par ailleurs les homosexuels, les jugeant « anormaux », et les femmes, « inutiles dès lors qu’elles ont perdu leurs fonctions reproductrices ».

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Source : Le Monde.fr

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