Tokyo s’inquiète de voir la Chine attirer de plus en plus d’universitaires de l’Archipel : 18 460 d’entre eux ont passé au moins un mois en Chine au cours de l’exercice clos fin mars 2019, 25 % de plus en quatre ans, selon le ministère japonais de l’éducation, des sports, de la culture, des sciences et des technologies (MEXT). La Chine devance la Corée du Sud comme destination préférée des chercheurs nippons, et reste derrière les Etats-Unis. Mais, dans ces deux derniers pays, leur nombre ne cesse de diminuer.

Autorité de la physique théorique, enseignant à l’Observatoire astronomique du Japon, Toshitaka Kajino est connu pour être devenu en 2017 le premier directeur du tout nouveau Centre international de recherche sur la cosmologie du big bang à l’université d’aéronautique et d’astronautique de Pékin. « L’activité scientifique est internationale et sans frontières, en totale contradiction avec l’idée de nationalisme. Toute réalisation scientifique est un bien commun de l’humanité », explique au Monde M. Kajino.

Le chercheur a décliné des offres aux Etats-Unis et en Europe, privilégiant la proposition de la Chine à travers l’initiative dite des « 1 000 talents ». Cet ambitieux mais controversé projet de recrutement de chercheurs étrangers lancé en 2008 a séduit 7 000 scientifiques, ingénieurs ou encore experts de la finance de différents pays. « L’offre chinoise n’est pas limitée dans le temps. La situation budgétaire pour la science est plutôt bonne » et « les étudiants chinois peuvent atteindre les meilleures qualifications. Ils travaillent vraiment dur », précise le physicien.

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De par ses idéaux, le professeur Kajino symbolise aujourd’hui les ambitions scientifiques de la Chine, qui aspire au leadership technologique mondial à l’horizon 2050 et cherche pour cela à attirer les cerveaux du monde entier.

Un budget pour la science de 215 milliards d’euros

Toutefois, selon un rapport de 2019 de la commission sur la sécurité nationale du Sénat américain, les objectifs scientifiques de la Chine « ne seraient pas de faire progresser la science, mais de promouvoir ses intérêts de sécurité nationale ». Pékin aurait lancé 200 projets de recrutement à l’international, dont les « 1 000 talents », qualifiés par le rapport sénatorial de « menace pour les intérêts américains ». En août 2020, le renseignement canadien a appelé les universités à la prudence face ce projet qui servirait à persuader les chercheurs de partager – « volontairement ou par la force » – les résultats de leurs recherches. Insistant sur la coopération scientifique, le partenariat pour la compétitivité et la résilience (CoRe) conclu vendredi 16 avril à Washington par le président américain, Joe Biden, et le premier ministre japonais, Yoshihide Suga, semble un moyen de contrecarrer cette stratégie.

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Source : Le Monde.fr

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