Dans un entretien au « Monde », le recordman du monde du 50 km marche déclare que la possible délocalisation à Sapporo, au nord du Japon, des épreuves sur route d’athlétisme lors des jeux olympiques serait « une bonne chose ».

Propos recueillis par Publié aujourd’hui à 20h28, mis à jour à 22h32

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Yohann Diniz et ses rivaux marcheurs disputeront peut-être les JO de Tokyo à... Sapporo.
Yohann Diniz et ses rivaux marcheurs disputeront peut-être les JO de Tokyo à… Sapporo. Martin Meissner / AP

Les Mondiaux d’athlétisme de Doha ont laissé des traces. Certainement influencés par la polémique sur les conditions climatiques extrêmes des épreuves sur route, la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) et le Comité international olympique (CIO) ont annoncé, mercredi 16 octobre, réfléchir à la délocalisation des épreuves du marathon et de la marche à Sapporo lors des prochains Jeux olympiques 2020.

« Nous avons travaillé en étroite collaboration avec le CIO et les organisateurs de Tokyo 2020 en relation avec la proposition de déplacer à Sapporo les épreuves sur route », a déclaré Sebastian Coe, patron de l’IAAF, cité dans le communiqué du CIO.

L’an prochain, du 24 juillet au 9 août, les températures à Tokyo devraient largement dépasser les 30 degrés, avec un taux d’humidité très élevé.

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La décision devrait intervenir lors de la commission de coordination du CIO pour Tokyo 2020 qui consacrera une séance spéciale aux mesures pour lutter contre la chaleur, lors de sa réunion du 30 octobre au 1er novembre à Tokyo.

Interrogé par Le Monde, Yohann Diniz considère qu’il s’agirait d’« une bonne chose » pour lui de pouvoir « marcher dans un climat moins étouffant et moins humide ».

Cette annonce du CIO vous a-t-elle surprise ?

Oui, c’est assez surprenant. Après, je sais qu’à Doha, certains officiels, dont Thomas Bach [président du CIO], sont venus en visite. Il a vu ce qu’il s’est passé sur les distances longues hors stade. J’avais entendu, qu’à Tokyo, il avait confirmé que tout serait mis en place pour que les athlètes et la performance soient au cœur des Jeux olympiques. La décision de délocaliser irait dans ce sens-là.

Pensez-vous que le CIO et l’IAAF veulent s’éviter une deuxième polémique en plein JO ?

Tout d’abord, il y a eu des vainqueurs et des médaillés et il faut les féliciter. Le Canadien [Evan Dunfee] et le Portugais [Joao Vieira] se sont super bien comportés : ils ont été au bout grâce à une très bonne stratégie mise en place. Mais peut-être que les conditions à Doha n’ont pas forcément montré une belle image. Il y avait tellement de paramètres extérieurs à prendre en compte…

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Quelques minutes après votre abandon prématuré, vous vous étiez projeté sur les JO de Tokyo, également sous un climat chaud et humide, qui n’est pas celui que vous préférez. Cela changerait beaucoup de choses pour vous ?

Contrairement à Doha, où je n’ai rien fait pour essayer de me préparer à ces conditions-là, on avait commencé à préparer la saison suivante avec la problématique des Jeux à Tokyo, c’est-à-dire chaleur et humidité. Maintenant, on va attendre la décision finale d’ici à début novembre : si on va à Sapporo, ça changera complètement la donne avec entre 5 à 10 degrés de différence et beaucoup moins d’humidité.

Le titre olympique est le dernier grand défi de votre carrière. Cette probable délocalisation vous regonfle-t-elle le moral en vue de cet objectif ?

Déjà, si ça se confirme, ça veut dire que l’on va être à 800 km au nord de Tokyo. On sera un peu à l’extérieur de la fête mais d’autres disciplines, comme l’aviron ou les sports de voile, connaissent cela régulièrement. Si on se place du côté de la performance pure, cela nivellera moins le niveau. A Sapporo, l’aspect logistique sera moins important. Et c’est une bonne chose pour moi, que l’on puisse marcher dans un climat qui me correspond mieux, moins étouffant et moins humide, auquel les Japonais sont en revanche habitués [le médaillé d’or à Doha est Yusuke Suzuki].

En quoi cela changera-t-il votre préparation ?

On sera à 1 700 km du camp de base prévu pour la préparation de l’équipe de France d’athlétisme à Kobe [un stage de 15 jours est prévu avant les JO pour l’acclimatation des athlètes]. Il y aura donc plein de choses à revoir dans la préparation car, à Kobe par exemple, nous aurions à faire à un climat plus proche de celui de Tokyo. A Sapporo, on irait vers une préparation qui ressemble plus à ce que l’on a l’habitude de faire. C’est drôle, car je m’apprête à partir au Japon en voyage. Cela sera peut-être l’occasion d’aller voir un peu sur l’île d’Hokkaido comment ça se passe.

Source : Le Monde.fr

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