« Le gaz naturel liquéfié est en train de prendre une place incontournable »

La consommation mondiale de gaz a progressé de près de 4,6% en 2018. Les Etats-Unis et la Chine ont représenté l’essentiel de l’augmentation de la demande avant le Japon. Ces nouveaux marchés ont modifié les frontières habituelles du gaz, au point d’en faire un enjeu géopolitique majeur, explique Nabil Wakim, journaliste économique au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 08h14 Temps de Lecture 2 min.

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Le président des Etats-Unis, Donald Trump, a inauguré, le 14 mai 2019, un nouveau terminal, le Cameron LNG, en Louisiane.
Le président des Etats-Unis, Donald Trump, a inauguré, le 14 mai 2019, un nouveau terminal, le Cameron LNG, en Louisiane. Leah Millis / REUTERS

Chronique. Même les Saoudiens s’y mettent ! La compagnie nationale Aramco, géant mondial du pétrole, a annoncé, mercredi 22 mai, son intention d’investir dans un terminal gazier d’exportation au Texas. Un nouveau signal que le gaz naturel liquéfié (GNL) est en train de prendre une place incontournable.

Pendant des décennies, le marché du gaz était divisé en trois grandes zones géographiques : l’Amérique du Nord, l’Europe et la Russie, et enfin l’Asie. Historiquement, les plus gros volumes de gaz étaient vendus par gazoducs, par le biais de contrats à long terme courant sur plusieurs dizaines d’années. Dans des tuyaux, le gaz se transporte facilement.

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En revanche, pour le déplacer à l’autre bout de la planète, il nécessite des infrastructures colossales : il faut refroidir le gaz à − 161 °C pour le liquéfier, le faire transporter par d’immenses navires méthaniers, puis le regazéifier à l’arrivée, dans un nouveau terminal. D’où le nom de « gaz naturel liquéfié », le GNL.

Une révolution silencieuse

Une révolution silencieuse qui est en train de transformer un marché de long terme en trading mondial. Plusieurs facteurs expliquent ce bouleversement : d’abord, la consommation mondiale de gaz continue d’augmenter de manière significative. En 2018, elle a ainsi augmenté de 4,6 %, après une croissance, déjà importante, de 3 % en 2017, selon les chiffres de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). A lui seul, le GNL est en croissance de 5 % annuellement, et cette hausse devrait se poursuivre pendant les prochaines années.

Dans plusieurs pays, le gaz se taille une part de plus en plus importante dans les usages énergétiques, et pas seulement dans le chauffage. Aux Etats-Unis, les immenses découvertes de gaz de schiste ont fait chuter drastiquement les prix et généralisé l’usage du gaz dans l’industrie et la production d’électricité, au point de concurrencer fortement le charbon. En Chine, la volonté de réduire les effets négatifs du charbon sur l’environnement conduit Pékin à importer des volumes de GNL de plus en plus importants. Au Japon, l’arrêt du nucléaire après la catastrophe de Fukushima a provoqué, là aussi, des importations massives.

Ces nouveaux marchés ont fait déborder les frontières habituelles du gaz, au point d’en faire un enjeu géopolitique majeur. Les Etats-Unis espèrent ainsi convaincre les Européens de privilégier leur GNL au gaz russe. Alors que l’UE n’achète pour l’heure que très peu de gaz américain, Donald Trump a inauguré, en mai, un nouveau terminal en Louisiane. Il avait invité le vice-président de la Commission européenne, chargé de l’énergie, pour lui vanter les mérites du GNL.

Source : Le Monde.fr

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