Rassemblement à l’occasion de la Journée internationale de la femme, à Tokyo, le 8 mars 2023. Rassemblement à l’occasion de la Journée internationale de la femme, à Tokyo, le 8 mars 2023.

Sous pression pour favoriser la santé des femmes et malgré l’opposition d’une partie d’un monde médical attaché à ses prérogatives, le Japon a autorisé, vendredi 28 avril, le recours à la pilule abortive. Le ministère de la santé a validé l’usage du MeFeego, un traitement du laboratoire britannique Linepharma qui combine deux médicaments, le mifepristone et le misoprostol, dont l’accès reste toutefois très encadré.

Ces pilules doivent être prises dans les soixante-trois jours qui suivent le début de la grossesse. Les essais cliniques ont montré une efficacité à 93,3 % de cette méthode. Les effets secondaires, saignements, douleurs abdominales et vomissements resteraient modérés.

Le Japon est le 66e pays à autoriser les pilules abortives. Le premier fut la France, en 1988. L’autorisation du ministère sanctionne plusieurs mois de consultations par un groupe d’experts, qui s’est appuyé sur plus de 12 000 contributions adressées par des Japonais, un chiffre particulièrement élevé témoignant de l’intérêt suscité par la question.

La décision a été prise dans un pays où l’avortement est autorisé depuis 1948, selon la loi de protection eugénique, devenue en 1996 la loi sur la protection de la santé maternelle. Il y a eu 126 174 interruptions volontaires de grossesse (IVG) au cours de l’exercice clos en mars 2022, selon le ministère. Jusqu’à présent, elles étaient réalisées par interventions chirurgicales, principalement par la méthode par aspiration, mais aussi par la méthode très critiquée du curetage, dans 24 % des cas, selon l’Association japonaise des obstétriciens et gynécologues. Cette dernière technique est déconseillée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui la juge « dépassée » en raison des complications possibles. L’organisation recommande l’« avortement médical » (pilules abortives) ou l’aspiration.

D’importantes contraintes

Le problème de la nouvelle législation est que l’accès à ces pilules reste très contraint. Comme pour les avortements chirurgicaux, elles ne pourront être prescrites que par des médecins accrédités par les autorités médicales de chacun des quarante-sept départements. Leur utilisation ne pourra se faire qu’en hôpital ou en clinique et la patiente devra être hospitalisée jusqu’à ce que l’avortement soit confirmé. Le décompte des pilules produites et utilisées devra faire l’objet d’un rapport régulier aux autorités médicales.

De même, le ministère a décidé de maintenir l’obligation d’avoir l’accord du conjoint – sauf s’il est inconnu ou dans l’incapacité d’exprimer un avis – pour avorter, quelle que soit la méthode. Dans le passé, un tel consentement n’était pas nécessaire en cas de viol ou pour les femmes non mariées, mais la plupart des médecins continuent de l’exiger.

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Source : Le Monde.fr

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