Le premier ministre japonais, Fumio Kishida, à l’aéroport international de Tokyo-Haneda, au moment de son départ pour l’Europe afin de présenter à ses alliés la nouvelle doctrine de défense du Japon, le 8 janvier. Le premier ministre japonais, Fumio Kishida, à l’aéroport international de Tokyo-Haneda, au moment de son départ pour l’Europe afin de présenter à ses alliés la nouvelle doctrine de défense du Japon, le 8 janvier.

Comme chaque année, à la fin décembre, un idéogramme emblématique de l’année écoulée est calligraphié en grande pompe dans l’enceinte du temple de Kiyomizu, à Kyoto, par le supérieur : pour 2022, a été retenu celui d’ikusa (mot ancien signifiant « conflit, guerre »). Ce choix reflète l’inquiétude latente qui prévaut au Japon à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et de l’aggravation de la confrontation entre la Chine et les Etats-Unis. La tournée diplomatique du premier ministre, Fumio Kishida, qui a commencé à Paris lundi 9 janvier, avant de se poursuivre à Rome, Londres, Ottawa et Washington, s’inscrit dans ce contexte de tensions qui a conduit l’Archipel à adopter, le 16 décembre 2022, une nouvelle doctrine de défense.

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Cette « stratégie de sécurité nationale » prévoit un renforcement drastique des capacités de défense du Japon. Plafonnées depuis 1976 à 1 % du produit intérieur brut (PIB), seuil symbolique d’une politique uniquement défensive, les dépenses militaires doivent passer à 2 % du PIB en 2027. Au cours des cinq prochaines années, Tokyo consacrera à cet effet une somme de 43 000 milliards de yens (300 milliards d’euros). Le pays, jusqu’à présent une puissance militaire moyenne, entend se doter de capacités de contre-attaque afin de pouvoir frapper des sites représentant une menace potentielle et renforcer la coordination opérationnelle avec son allié américain.

Virage géostratégique

Le Japon avait habitué le monde à une évolution à petit pas de sa doctrine de défense, au fil de réinterprétations de son pacifisme constitutionnel. Cette fois, il a franchi un nouveau seuil, vidant un peu plus de son sens les dispositions de l’article 9 de la Constitution, par lequel il renonce à la guerre. Ce virage géostratégique aurait suscité un tollé dans l’opinion il y a quelques années. Mais en ce moment charnière dans l’histoire du Japon de l’après-guerre, le débat porte sur les moyens de financer cet effort défensif et non pas sur les autres intérêts nationaux de l’Archipel (économiques, diplomatiques), note le journal Nikkei Asia.

Deux formules ont fait mouche dans une société déjà inquiète des démonstrations de force de la Chine autour du Japon. « Ce qui se passe en Ukraine peut se produire en Asie du Nord-Est », a déclaré le premier ministre Kishida, sous-entendant que cette invasion pourrait constituer un précédent encourageant la Chine à attaquer Taïwan. Etant donné la proximité de l’archipel d’Okinawa, où est stationné le gros du contingent américain, le pays serait impliqué dans le conflit. « Si le Japon est attaqué, qui le défendra ? », a renchéri l’ancien vice-premier ministre, Taro Aso, figure de la droite qui, depuis des décennies, mène campagne pour que le Japon redevienne un « pays normal », disposant de tous les attributs de la souveraineté, parmi lesquels une puissance militaire conséquente.

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Source : Le Monde.fr

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