Le nucléaire, priorité réaffirmée du Japon pour atteindre la neutralité carbone

Vue aérienne de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi, dans la ville d’Okuma (Japon), en février 2021. Vue aérienne de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi, dans la ville d’Okuma (Japon), en février 2021.

Onze ans après la catastrophe de Fukushima, surfant sur la vague faisant de l’atome une solution au changement climatique, le Japon multiplie les signes d’un retour en force dans le nucléaire. L’Agence japonaise de l’énergie atomique (JAEA) et le géant Mitsubishi Heavy Industries (MHI) devaient signer − « au plus tard la semaine prochaine », selon la JAEA, contactée mercredi 5 janvier, tandis que MHI refuse de commenter − un protocole d’accord avec la start-up américaine spécialisée dans le nucléaire TerraPower, pour lui fournir un soutien technique et partager des données dans le cadre du projet de réacteur Natrium.

Dévoilé par TerraPower en août 2020, ce nouveau réacteur à neutrons rapides d’une puissance de 345 mégawatts et d’un coût estimé à 4 milliards de dollars (3,5 milliards d’euros) devrait être construit en 2028 dans l’Etat du Wyoming. Le cofondateur de Microsoft Bill Gates soutient le projet, tout comme le département américain de l’énergie.

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Conçu en coopération avec la coentreprise nippo-américaine GE Hitachi Nuclear Energy, le Natrium comprend un réacteur à neutrons rapides refroidi au sodium combiné à un système de stockage d’énergie à base de sels fondus. « La technologie Natrium est une solution énergétique fiable et sans carbone conçue pour répondre aux préoccupations climatiques avant qu’il ne soit trop tard », assure TerraPower sur son site Web.

Retour des populations évacuées

Les réacteurs à neutrons rapides, ou surgénérateurs, doivent permettre de finaliser le cycle du combustible nucléaire en assurant le recyclage du plutonium issu du combustible usagé. Le Japon s’y intéresse depuis les années 1960 et a construit − avec la JAEA et MHI – un prototype appelé « Joyo », en 1977, puis le surgénérateur de Monju, dans le département de Fukui, au centre du pays. Malgré un coût supérieur à 1 200 milliards de yens (9,2 milliards d’euros), Monju n’a fonctionné qu’une heure depuis le niveau de criticité atteint en 1994 et a connu une grave fuite de sodium en 1995. En 2016, le gouvernement a décidé son démantèlement, sans renoncer à la technologie. Tokyo s’est orienté vers le projet français de réacteur à neutrons rapides Astrid, lui aussi abandonné en 2019.

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La persévérance nippone traduit une volonté de relancer une industrie nucléaire sinistrée depuis la catastrophe de Fukushima, en mars 2011. Ce désastre a été suivi de l’arrêt de l’ensemble des 54 réacteurs nippons et a suscité une vive opposition à l’atome dans la population.

L’administration du premier ministre Fumio Kishida, arrivé au pouvoir en octobre 2021, semble avoir refait du nucléaire une priorité, pour des raisons économiques et environnementales

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Source : Le Monde.fr

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