Un des nombreux montages circulant sur le réseau social X, représentant la bombe atomique dans l’univers du film « Barbie ». Un des nombreux montages circulant sur le réseau social X, représentant la bombe atomique dans l’univers du film « Barbie ».

Ironiser sur la bombe atomique n’amuse pas les Japonais, surtout à quelques jours des commémorations du 78e anniversaire des bombardements des 6 et 9 août 1945 sur Hiroshima et Nagasaki. Les montages humoristiques créés en mêlant des images des deux blockbusters estivaux, Barbie et Oppenheimer, assortis du mot-dièse « Barbenheimer », agacent l’Archipel. Les programmes télévisés du matin du mercredi 2 août y ont consacré une large couverture.

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Les émissions sont revenues sur plusieurs montages diffusés sur les réseaux sociaux et les réactions des administrateurs du compte officiel de Barbie. L’un de ces montages montre Barbie souriante, coiffée d’un champignon atomique. « Ce Ken est un styliste », ironisent les administrateurs. Un autre montage présente Cillian Murphy, qui incarne Robert Oppenheimer, le « père de la bombe atomique », portant Margot Robbie, l’interprète de Barbie sur son épaule dans une ville en flammes. « Ce sera un été inoubliable », s’amuse le compte officiel de Barbie.

Or, ces images ne font pas rire dans un Archipel où la mémoire des bombardements atomiques reste vive. Les attaques menées par les forces américaines ont fait plus de 140 000 morts à Hiroshima et 74 000 à Nagasaki dans les derniers jours de la fin de la seconde guerre mondiale. Les radiations ont durablement affecté des dizaines de milliers d’autres personnes, connues comme les hibashukas, les survivants de la bombe.

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Le souvenir des bombes est entretenu avec constance. Tous les écoliers nippons se rendent dans une des deux villes ciblées, où ils entendent les témoignages des hibashukas et visitent les monuments et musées consacrés aux attaques atomiques. Le premier ministre assiste chaque année aux commémorations qui donnent l’occasion d’adresser au monde des messages de paix et de plaider pour que de telles tragédies ne se reproduisent pas. C’est dans cet esprit que s’est tenu, en mai, à Hiroshima le dernier sommet du G7.

Manque de respect

Plus généralement, les Japonais n’aiment guère le détournement à des fins humoristiques des tragédies, y voyant un manque de respect pour les victimes. Des dessins parus en France après la catastrophe nucléaire de Fukushima de 2011 avaient déjà fait réagir.

Cette fois, certains Japonais ont créé le mot-dièse « NoBarbenheimer » et répondu aux montages par d’autres montages. « Et là, vous ressentez quoi ? », a lancé un certain Otsuka (@kakinamasu) en marge d’une photo des attaques du 11 septembre 2001 retravaillée en rose Barbie, tandis qu’un utilisateur rappelait que son grand-père « était à Hiroshima quelques jours avant le bombardement atomique. Parmi ceux qui sont morts sous ce champignon atomique, il y avait de nombreux enfants en âge de jouer avec des poupées Barbie. »

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Source : Le Monde.fr

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