Le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, lors d’une session extraordinaire de la Diète, le parlement du pays, à Tokyo le 3 août 2022. Le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, lors d’une session extraordinaire de la Diète, le parlement du pays, à Tokyo le 3 août 2022.

Le premier ministre japonais, Fumio Kishida, a remanié, mercredi 10 août, son gouvernement. Son objectif premier : enrayer la chute de sa cote de popularité, tombée de 13 points en trois semaines à 46 %, selon un sondage de la chaîne publique NHK. Outre la hausse des prix, la montée des tensions autour de Taïwan ou encore la septième vague de Covid-19, les Japonais ne goûtent guère la décision de M. Kishida d’organiser des funérailles nationales pour Shinzo Abe, l’ancien premier ministre assassiné le 8 juillet. Les politiques menées par M. Abe, notamment en matière sécuritaire, ne font pas l’unanimité et les révélations sur ses liens avec l’Eglise de l’unification, plus connue comme la secte Moon, ont choqué l’opinion.

L’auteur de l’assassinat, Tetsuya Yamagami, a expliqué son geste par les relations entre M. Abe avec l’organisation, dont sa mère était une adepte. Le choc est d’autant plus grand que, depuis l’assassinat, les révélations s’enchaînent sur les relations entre les élus du Parti libéral-démocrate (PLD au pouvoir) et la secte, au point de fragiliser le gouvernement. D’où la décision de M. Kishida de se séparer de ministres jugés trop proches de l’Eglise de l’unification. Exit donc Nobuo Kishi, le petit frère de Shinzo Abe, évincé du ministère de la défense après avoir reconnu que des adeptes de la secte avaient fait campagne pour lui. Idem pour le ministre de l’économie, Koichi Hagiuda, recasé à la direction des affaires politiques du PLD. Fin de partie aussi pour Satoshi Ninoyu, le président de la Commission nationale de la sécurité publique, qui paye les errements de la sécurité de M. Abe. Il a admis avoir assisté à des événements liés à l’Eglise de l’unification, mais « seulement pour rencontrer des gens en tant que politicien ».

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La nouvelle équipe, cependant, n’est pas vierge de tout lien avec la secte. Akihiro Nishimura, le nouveau ministre de l’environnement, a expliqué qu’il n’était pas au courant que l’Eglise était l’organisatrice d’un événement auquel il a assisté. « Je pensais que c’était un forum conservateur », s’est-il défendu. La très nationaliste Sanae Takaichi, nouvelle ministre de la sécurité économique, proche de Shinzo Abe et l’une des deux seules femmes du cabinet, a admis avoir fait l’objet, en 2001, d’un reportage dans une publication de la secte.

Simple « ripolinage »

« J’ai nommé des personnalités ayant accepté de reconsidérer leurs liens avec l’Eglise de l’unification », a expliqué M. Kishida, ajoutant que le mouvement ne semble pas avoir « influencé de manière inappropriée les politiques du PLD ». Qualifiant le remaniement de simple « ripolinage », Kenta Izumi, du Parti démocrate constitutionnel, la principale formation de l’opposition, reproche au PLD de ne pas avoir « pleinement clarifié les liens entre de nombreux parlementaires et l’Eglise. Il ne peut donc pas regagner la confiance de l’opinion ».

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Source : Le Monde.fr

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