Le premier ministre, Yoshihide Suga et Yasuhiro Yamashita, président du Comité d’organisation des JO, refusent la démission de Yoshiro Mori (en photo). Le premier ministre, Yoshihide Suga et Yasuhiro Yamashita, président du Comité d’organisation des JO, refusent la démission de Yoshiro Mori (en photo).

La polémique déclenchée par les propos du président du comité d’organisation des Jeux olympiques de Tokyo, Yoshiro Mori, selon lesquels « les femmes parlent trop pendant les réunions » ne cesse de s’amplifier, révélant les difficultés du Japon à se sortir de ses archaïsmes de genre.

Une pétition appelant à des « sanctions appropriées », à des mesures pour « prévenir la récurrence de tels agissements » et à une « plus grande diversité parmi ses cadres » du comité d’organisation avait réuni, dimanche 7 février, plus de 127 000 signatures.

La veille, la populaire joueuse de tennis japonaise, Naomi Osaka, avait fustigé l’ignorance d’un responsable qui devrait « s’informer pour savoir de quoi il parle » et la gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike, a parlé d’un « problème grave ».

L’affaire a rencontré un écho international puisque l’ONG Human Rights Watch a décerné « la médaille d’or du sexisme » à M. Mori. Plusieurs ambassades au Japon, dont celles de l’Union européenne, de l’Allemagne et du Portugal, ont posté sur Twitter des messages avec les mots-dièses « Ne restez pas silencieux » et « Egalité des genres ». Le tout sans compter les appels à la démission de M. Mori.

Des excuses, mais pas de démission

La colère suivait les déclarations du 2 février de M. Mori, déplorant que « les conseils d’administration avec beaucoup de femmes prennent trop de temps », car elles ont, selon lui, « du mal à finir » leurs interventions. M. Mori s’était aussi réjoui de voir les femmes du comité d’organisation Tokyo 2020 « rester à leur place ». Face aux critiques, il a présenté ses excuses mais a exclu de démissionner.

Ses regrets exprimés du bout des lèvres, un brin agacé, n’ont fait qu’exacerber la colère suscitée par des propos qui tranchent avec les principes revendiqués par le milieu olympique. Le Comité international olympique (CIO) ambitionne la stricte parité hommes-femmes pendant les compétitions, un objectif qui devrait être atteint à Paris, en 2024.

Dans l’archipel, les fédérations sportives, confrontées ces dernières années à plusieurs affaires de harcèlement, entre autres dans le judo, et le Comité olympique japonais (COJ), ont repris l’objectif, fixé en 2020 par le gouvernement, de porter à 40 % la part des femmes dans les conseils d’administration avant 2030.

121e sur 153 pays au classement de l’égalité hommes-femmes

Les déclarations de Yoshiro Mori, 83 ans et ancien premier ministre (2000-2001) traduisent, toutefois, la profonde déconnexion de dirigeants japonais vieillissants – le premier ministre, Yoshihide Suga, ou encore Yasuhiro Yamashita, président du COJ, refusent la démission de M. Mori – avec une société où les femmes ne veulent plus se taire face aux inégalités persistantes. Le Japon se situe au 121e rang sur 153 pays du classement 2020 sur l’égalité hommes-femmes, établi par le Forum économique mondial.

Il vous reste 47.08% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source : Le Monde.fr

Partagez !

Laisser un commentaire