Gon Matsunaka, fondateur et président du Consortium Pride House Tokyo, à Tokyo, le 10 octobre 2020. Gon Matsunaka, fondateur et président du Consortium Pride House Tokyo, à Tokyo, le 10 octobre 2020.

La ville de Tokyo rejoint les administrations locales japonaises déjà dotées d’un système de partenariat pour les couples de même sexe. Cette avancée dans la capitale nippone fait espérer la relance des débats sur le mariage pour tous, une mesure soutenue par une majorité de Japonais. A partir de mardi 11 octobre, la ville devait accepter les demandes pour les premiers « serments de partenariat », qui seront délivrés à partir du 1er novembre. Le système est réservé aux adultes. Il faut que l’un des deux partenaires vive, travaille ou étudie à Tokyo.

Le certificat inclut un engagement des deux membres du couple à se porter mutuellement assistance. Ouvert aux étrangers, il donne accès à certains droits accordés par la métropole, dans l’aide au logement ou pour les transports, par exemple. Un tel système « doit apporter plus de diversité à Tokyo », selon la gouverneure, Yuriko Koike.

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« A partir de maintenant, nous pouvons vivre comme une famille », se réjouit Soyoka Yamamoto, de l’association Un partenariat pour Tokyo. « Etre reconnus socialement comme ayant une famille doit faciliter la vie en société », ajoute Mamiko Moda, de l’association Kodomap, qui aide les minorités sexuelles souhaitant élever des enfants.

Le premier système de partenariat a été mis en place en 2015 dans les arrondissements tokyoïtes de Shibuya et Setagaya. Aujourd’hui, 237 administrations locales abritant 54,9 % de la population disposent de telles procédures, avec des nuances : 30 administrations les ont enrichies de droits familiaux, qui permettent d’intégrer un enfant né d’une union précédente au nouveau foyer.

Débats difficiles

La décision de la capitale fait espérer à Gon Matsunaka, président du Consortium de Tokyo LGBTQ Pride House, une avancée dans les débats sur le mariage pour tous, synonyme d’accès aux droits sur l’héritage ou la garde des enfants, voire à des avantages fiscaux aujourd’hui réservés aux couples hétérosexuels.

Ces débats restent difficiles, même si plus de 60 % des Japonais soutiennent le mariage pour tous. En 2021, le tribunal de Sapporo (Nord) avait jugé inconstitutionnelle la non-reconnaissance du mariage homosexuel, car contraire au principe d’égalité devant la loi. A l’inverse, le tribunal d’Osaka (Ouest) a estimé, en juin, que l’interdiction du mariage homosexuel ne pouvait pas être considérée comme discriminatoire ou inconstitutionnelle, car la législation actuelle stipule que le mariage « ne peut être fondé que sur le consentement mutuel des deux sexes ».

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Le très conservateur Parti libéral-démocrate (PLD, au pouvoir) reste hostile au mariage pour les personnes homosexuelles. Seuls 11 % des candidats de cette formation aux sénatoriales de juillet y étaient favorables, contre 92 % des candidats du Parti démocrate constitutionnel (PDC, principale formation d’opposition). Pendant la campagne, un fascicule avait été distribué à des parlementaires PLD membres de l’Association shintoïste pour le leadership spirituel, puissante organisation conservatrice liée aux sanctuaires shinto et dont est proche l’actuel premier ministre, Fumio Kishida, affirmant que l’homosexualité était une « maladie » et une « drogue ».

Source : Le Monde.fr

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