L’alliance Renault-Nissan se délite et les motifs d’affrontement se multiplient depuis l’arrestation de Carlos Ghosn. L’assemblée générale des actionnaires de Nissan et le sommet du G20 à Osaka, qui se tiendront la semaine prochaine, sauront-ils remettre un peu d’harmonie ?, s’interroge Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 11h37, mis à jour à 11h46 Temps de Lecture 2 min.

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Jean-Dominique Senard, président de Renault-Nissan, et Hiroto Saikawa, directeur général de Nissan, le 12 mars, lors d’une conférence de presse à Yokohama, au Japon.
Jean-Dominique Senard, président de Renault-Nissan, et Hiroto Saikawa, directeur général de Nissan, le 12 mars, lors d’une conférence de presse à Yokohama, au Japon. BEHROUZ MEHRI / AFP

Chronique « Pertes & Profits ». Au Japon, plus qu’ailleurs dans le monde, le consensus, condition de l’harmonie de la société, est une vertu cardinale. Les conflits doivent être évités, résolus avant qu’ils éclatent et surtout ne pas être dévoilés en place publique. L’important est que chaque partie garde le « tatemae », la face. L’affaire Renault-Nissan est aux antipodes de cette philosophie. Les joutes sont continuelles et se tiennent dans l’arène médiatique mondiale, au vu et au su de tous. La belle harmonie de cette alliance unique en son genre est désormais brisée en une mosaïque d’affrontements, où tout le monde à tour de rôle perd la face. Un PDG déchu, Carlos Ghosn, deux directeurs contestés, Hiroto Saikawa et Thierry Bolloré, un président désavoué, Jean-Dominique Senard, un ministre vilipendé, Bruno Le Maire et des chefs d’Etat dans l’embarras, Emmanuel Macron et Shinzo Abe. Belle brochette d’insatisfaits.

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Si l’affaire a commencé avec la rocambolesque arrestation de Carlos Ghosn à Tokyo en novembre 2018, elle s’est poursuivie avec l’affrontement des deux directeurs, puis la tentative de fusion proposée par Renault et rejetée par Nissan et enfin l’étonnante proposition de mariage entre Renault et Fiat Chrysler à l’insu de son partenaire de vingt ans. Cette dernière a été repoussée in fine par le gouvernement français, premier actionnaire du groupe français, provoquant la colère publique du président de Renault, pourtant nommé sur proposition de ce même gouvernement.

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Menace de blocage

Peut-on encore recoller les morceaux ? Deux étapes cruciales sont attendues la semaine prochaine. Ce mardi 25 juin, se tiendra l’assemblée générale des actionnaires de Nissan. Celle-ci devrait entériner une nouvelle gouvernance destinée à en finir avec les dérives absolutistes de l’ère Ghosn. Il semblerait que la firme ait finalement accepté de nommer le directeur de Renault, Thierry Bolloré, au comité d’audit du futur conseil d’administration.

Devant la menace de blocage du processus par Renault, actionnaire de Nissan à 43 %, la firme a plié. Mais elle ne perd pas espoir qu’un jour, le directeur général de Renault soit sorti du jeu. Tout comme le camp français souhaiterait le départ du patron de Nissan. Un apaisement des tensions serait non seulement la seule manière de redonner vie à une alliance qui se délite à vue d’œil, mais aussi de remettre sur la table, mais avec Nissan, un éventuel mariage avec Fiat Chrysler, rêve avoué de Jean-Dominique Senard.

Source : Le Monde.fr

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