Manifestation contre les Jeux olympiques qui s’ouvriront en juillet, autour du stade national de Tokyo, au Japon, le 9 mai 2021. Manifestation contre les Jeux olympiques qui s’ouvriront en juillet, autour du stade national de Tokyo, au Japon, le 9 mai 2021.

Les calicots de carton sont un peu fatigués, mais la conviction des opposants aux Jeux olympiques de Tokyo reste ancrée. Comme tous les vendredis depuis des mois, une trentaine de militants de Hangorin no kai (« Association d’opposition aux JO ») et d’Okotowalink (« Non merci, pas de JO ») se sont retrouvés, le 11 juin, devant la masse de béton du Harumi Island Triton Square qui abrite le comité d’organisation de Tokyo 2020, à deux pas du village olympique.

« Annulez les JO », « Protégez les vies », lit-on sur les panneaux brandis par les manifestants qui font face à une soixantaine de policiers. « Ce système est complètement perverti par l’argent. Il n’y a rien de démocratique », tempête Yuka Ishibashi, une infirmière trentenaire.

« Que peut-on faire pour les arrêter ? s’interroge l’artiste et militante Misako Ichimura. Il y a une pandémie, une explosion du nombre de SDF à cause de la crise économique mais la course aux médailles a la priorité sur la vie des gens. » Mme Ichimura manifeste contre les JO depuis 2013, quand le premier ministre de l’époque, Shinzo Abe (2012-2020), a obtenu l’organisation des Jeux pour Tokyo en 2020. Ils devraient se dérouler du 23 juillet au 8 août.

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L’opposition à la tenue d’Olympiades n’est pas nouvelle : que l’on se souvienne de la violente répression des étudiants hostiles aux JO de Mexico en 1968 ou des craintes de contamination par le virus Zika avant ceux de Rio de Janeiro en 2016. A voir cette poignée de militants, dont les manifestations sont peu médiatiques, on pourrait penser que l’opposition est de faible ampleur. Ce serait une erreur.

Ces manifestants ne sont que la partie visible d’une opposition qui s’exprime dans des pétitions qui rassemblent plus de signatures – y compris de l’étranger – que ne l’attendaient les organisateurs. On la retrouve sur des pancartes « No Olympics » placardées sur les vitres de fenêtres d’hôpitaux sous forte pression en raison du nombre de malades, et surtout sur les réseaux sociaux. Elle se nourrit du mécontentement suscité par l’attitude du Comité international olympique (CIO) et du gouvernement Suga, sourds aux inquiétudes de la population face à l’évolution de la pandémie.

« Danger d’une recrudescence »

Le Japon ne comptait le 15 juin que 777 978 cas et 14 150 décès. La quatrième vague de contaminations semble refluer grâce à l’imposition d’un « état d’urgence » – une série de recommandations à fermer plus tôt et à limiter les déplacements – mais seulement 12,6 % de la population a reçu une première dose de vaccin. Depuis des semaines, les sondages indiquent que la majorité des Japonais sont opposés à la venue de 90 000 athlètes et officiels attendus dans l’Archipel des quatre coins de la planète avant l’ouverture, le 23 juillet. Ils craignent un regain de contaminations, voire l’émergence d’un nouveau variant « olympique ».

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Source : Le Monde.fr

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