Un chasseur F-2 de la Japan Air Self-Defense Force, sur la base de Tsuiki, préfecture de Fukuoka, au sud du Japon, en mars 2010. Un chasseur F-2 de la Japan Air Self-Defense Force, sur la base de Tsuiki, préfecture de Fukuoka, au sud du Japon, en mars 2010.

En mentionnant des « capacités de contre-attaque », la nouvelle stratégie de défense nationale, qui devait être validée par le gouvernement japonais, vendredi 16 décembre, marque une évolution inédite depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Tokyo sort de la stricte posture défensive maintenue depuis l’adoption de la Constitution de 1947, qui affirme le renoncement du Japon à la guerre.

Illustrant les craintes du pays face à la dégradation de la sécurité dans son voisinage, le nouveau texte est accompagné d’un programme d’acquisition de matériel militaire pour les cinq années à venir. « Le renforcement fondamental de nos capacités de défense est le défi le plus urgent dans cet environnement sécuritaire difficile », a expliqué le premier ministre, Fumio Kishida.

Révisée pour la première fois depuis 2013, la nouvelle doctrine doit répondre à la montée en puissance de la Chine, au développement nucléaire nord-coréen et au rapprochement sino-russe depuis le début de la guerre en Ukraine. Présentée comme un « défi stratégique sans précédent » pour l’ordre international, la Chine reste la première menace identifiée par l’Archipel.

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En 2013, Tokyo appelait à un « partenariat stratégique mutuellement bénéfique » avec son puissant voisin. Or, en neuf ans, l’antagonisme grandissant entre Pékin et Washington, dont Tokyo est le premier partenaire en Asie de l’Est, s’est exacerbé. De même que les tensions avec Taïwan, caractérisées par le tir par la Chine de cinq missiles dans la zone économique exclusive japonaise – située autour des eaux territoriales –, après la visite en août à Taipei de la présidente de la Chambre américaine des représentants, Nancy Pelosi.

« Capacités de contre-attaque »

A cela s’ajoutent les pressions américaines, sous la présidence de Donald Trump (2016-2020) et celle de son successeur, Joe Biden, pour que le Japon assume une part accrue de sa défense, et la volonté de premiers ministres nippons, à commencer par le très nationaliste Shinzo Abe (en poste de 2012 à 2020), souhaitant faire de l’Archipel un « pays normal » sur le plan militaire.

Cette décision s’inscrit dans une évolution. Tokyo a modifié en 2014 l’interprétation de sa Constitution pour pouvoir intervenir aux côtés d’un allié menacé. Le pays a ensuite renforcé les défenses de ses îles du Sud-Ouest, les plus proches de Taïwan et de la Chine.

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Son positionnement s’est affirmé dans des cadres comme le Dialogue quadrilatéral pour la sécurité réunissant Américains, Australiens, Indiens et Japonais. Et il a multiplié les accords de défense, avec l’Australie par exemple, et les exercices avec plusieurs nations, dont la France.

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Source : Le Monde.fr

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