Le premier ministre japonais Shinzo Abe (au centre), lors d’une séance plénière de la chambre basse, à Tokyo, le 12 mars 2020.
Le premier ministre japonais Shinzo Abe (au centre), lors d’une séance plénière de la chambre basse, à Tokyo, le 12 mars 2020. Koji Sasahara / AP

En faisant passer, vendredi 13 mars, une législation sur l’état d’urgence, le premier ministre japonais, Shinzo Abe, montre qu’il agit contre la pandémie de coronavirus Covid-19 et se donne des pouvoirs étendus auxquels il aspirait.

Les nouvelles dispositions lui permettent de déclarer l’état d’urgence pour deux ans maximum. Dans ce cadre, les autorités pourront ordonner le confinement des habitants, la fermeture des écoles ou encore l’annulation d’événements. Elles pourront également réquisitionner les produits de première nécessité et saisir des terrains ou des bâtiments privés pour des usages médicaux.

Le texte, qui révise la législation de 2012 de lutte contre les maladies contagieuses, a été voté alors que l’archipel comptait, jeudi 12 mars, 675 malades – 46 de plus que la veille, sans compter les 694 malades du paquebot Diamond Princess – et 26 morts du Covid-19.

Naomichi Suzuki, le gouverneur d’Hokkaido – région du Nord, la plus touchée avec 119 cas –, avait invoqué le 28 février une « situation d’urgence » pour confiner les habitants. Mais il l’avait fait sans fondements légaux.

Consultation de l’opposition

Le nouveau texte est toutefois critiqué pour le flou des critères de mise en place de l’état d’urgence, à savoir si, lors d’une épidémie, « la fréquence des cas très graves dépasse de beaucoup ceux d’une grippe saisonnière particulièrement contagieuse ». « Cette description vague laisse une large place à l’interprétation », regrettait jeudi le quotidien de centre gauche Asahi.

Le champ d’application interroge également. Le premier ministre a averti que « les droits individuels seraient rognés » et a promis d’examiner « en profondeur les conséquences d’une telle décision ». Fait rare, il a consulté l’opposition avant le vote. Minoritaire, celle-ci estimait que la législation existante suffisait et voulait que le premier ministre consulte le Parlement avant de déclarer l’état d’urgence. M. Abe a juste consenti à l’informer et à « tenir compte » des avis exprimés.

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La loi est la troisième décision importante – après la fermeture des écoles et le déblocage de 270 milliards de yens (2,3 milliards d’euros) pour soutenir les entreprises et les parents devant prendre des congés – censée montrer l’activisme d’un gouvernement critiqué pour son inaction initiale. Sa capacité à maîtriser la pandémie conditionne également la tenue des Jeux olympiques de Tokyo, prévus fin juillet. Shinzo Abe a pris « des décisions brusques sans consulter les experts » et sans « proposer d’explications détaillées et convaincantes à la population », regrette l’Asahi.

Source : Le Monde.fr

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