Face à son voisin chinois, le Japon renforce sa coopération militaire

Le ministre japonais de la défense Nobuo Kishi s’adresse aux médias après avoir inspecté le porte-avions « HMS Queen Elizabeth » de la Royal Navy britannique à la base navale américaine de Yokosuka, dans la préfecture de Kanagawa, le 6 septembre 2021.

Par petites touches militaires et diplomatiques, le Japon dessine une prudente posture d’affirmation face à son voisin chinois, dont la montée en puissance l’inquiète. Yokosuka a accueilli, samedi 4 septembre, le groupe aéronaval britannique du Queen-Elizabeth. Le port d’attache de la VIIe flotte américaine, au sud de Tokyo, a ouvert sa rade à l’escadre formée, outre du porte-aéronefs, d’une frégate néerlandaise et d’un destroyer américain. Les navires avaient participé, en août, à des exercices en mer des Philippines avec un bâtiment nippon.

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L’escale à Yokosuka et les manœuvres témoignent du renforcement de la coopération face à l’expansionnisme chinois, tout comme la décision, annoncée le 1er septembre, d’un exercice en novembre, qui doit voir des chasseurs F-35B de la marine américaine apponter sur le porte-aéronefs Izumo, fleuron de la marine nippone, ou encore le premier ravitaillement en mer jamais réalisé par le Japon d’un navire des garde-côtes américains. « Nous avons encore amélioré notre interopérabilité », s’est réjoui Toshihiko Yoshifuku, le commandant de l’Oumi, le ravitailleur nippon, au sujet de cette opération réalisée fin août.

L’appontage de bombardiers américains sur l’Izumo, une perspective explicitement écartée par les amiraux japonais en 2015 lors de la mise à l’eau de ce porte-hélicoptères, a nécessité des aménagements techniques. Même s’il s’en défend, ce nouvel engagement illustre l’évolution du Japon vers une posture plus offensive, caractérisée par la création d’une brigade d’intervention amphibie (ARDB) et un débat sur les capacités de frappes préventives. Depuis l’après-guerre, Tokyo s’était tenu à un statu quo, se dotant de forces d’autodéfense sans développer de forces de projection.

Escalade verbale

« A propos de la Chine, le Japon est dans un processus amorcé dans les années 1990. Ce dernier s’est accéléré sous Shinzo Abe [premier ministre de 2012 à 2020], qui n’a eu de cesse de renforcer l’alliance avec les Etats-Unis. Le Japon a de plus en plus peur de son voisin chinois et, au sein du Parti libéral-démocrate [PLD au pouvoir], le lobby prochinois est très affaibli », analyse Robert Dujarric, spécialiste de l’Asie contemporaine à l’université Temple de Tokyo.

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Les tensions avec la Chine concernent la région indo-pacifique et en particulier la liberté de navigation dans les mers de Chine orientale et méridionale. Plus spécifiquement, Tokyo et Pékin se disputent les îlots Senkaku-Diaoyu, administrés par le Japon mais revendiqués par la Chine.

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Source : Le Monde.fr

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