Réservoirs contenant les eaux usées radioactives traitées de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi, à Fukushima, dans le nord du Japon, le 22 août 2023. Réservoirs contenant les eaux usées radioactives traitées de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi, à Fukushima, dans le nord du Japon, le 22 août 2023.

La gestion controversée des eaux contaminées de la centrale nucléaire de Fukushima n’est qu’un des nombreux problèmes liés au démantèlement du site ravagé par le séisme et le tsunami de mars 2011. Le rejet amorcé jeudi 24 août de ces eaux dans l’océan oblige ainsi à réfléchir au devenir des plus de 1 000 réservoirs où elles sont stockées. La compagnie d’électricité de Tokyo (Tepco, l’opérateur du site) doit aussi gérer les boues chargées de nucléides issues du traitement de ces eaux avant leur rejet, par le système de filtration par absorption dit ALPS (acronyme d’advanced liquid processing system).

Mais le principal enjeu sur le site reste celui de l’extraction des près de 880 tonnes de combustible ayant fondu dans trois des six réacteurs de la centrale. Or l’état précis de ce combustible reste mal connu. D’après l’Institut international de recherche sur le démantèlement nucléaire, le réacteur numéro 1, le plus touché, aurait accumulé 279 tonnes de débris de combustible fondu. Un robot a confirmé en mars que ce combustible avait traversé la cuve et endommagé le socle de béton se trouvant dessous.

Dans les trois réacteurs, rappelle Hideyuki Ban, du Centre citoyen d’informations sur le nucléaire (CNIC, une organisation indépendante), « du corium a été formé. Il peut être aussi dur que de la roche ». Le corium est un mélange qui se crée à près de 3 000 °C. Extrêmement radioactif, il est constitué de dioxyde d’uranium fondu issu du combustible nucléaire, d’un alliage oxydé de zirconium provenant des gaines du combustible et d’aciers fondus de la structure du cœur du réacteur.

Pour l’extraire, les réflexions se poursuivent et mobilisent des acteurs du nucléaire du monde entier. Naoyuki Takaki, professeur d’ingénierie de la sûreté nucléaire à l’université de Tokyo, considère que ce corium « ne peut être enlevé que s’il est réduit en petits morceaux ».

Tepco prévoit qu’un bras robotisé de conception britannique en prélève quelques grammes dans le réacteur numéro 2, avant de les placer dans un conteneur sous vide pour de plus amples recherches. La compagnie envisage cette opération avant la fin de l’exercice en cours, en mars 2024. Aucun calendrier n’a été fixé pour les réacteurs numéro 1 et numéro 3.

Un consortium français regroupant l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, le Centre pour l’énergie atomique et l’entreprise Onet Technologies a par ailleurs été sélectionné par le ministère de l’industrie japonais pour réaliser des recherches sur la découpe au laser du corium et la collecte des aérosols générés.

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Source : Le Monde.fr

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