Au musée du mémorial de la paix, à Hiroshima (Japon), le 15 mai 2023.

Le premier ministre japonais, Fumio Kishida, a choisi Hiroshima pour accueillir le sommet du G7 car elle est sa ville natale. Mais le grand port du sud-ouest est surtout la première cité ravagée par un bombardement atomique, le 6 août 1945, par l’armée américaine. Alors que les dirigeants qui se réuniront du 19 au 21 mai évoqueront la guerre en Ukraine et les tensions autour de Taïwan, la municipalité, qui défend l’interdiction totale des armes atomiques, tient à faire entendre son message pour la paix.

« Alors que le monde se bipolarise, il est essentiel de connaître la réalité du bombardement atomique », explique le maire d’Hiroshima, Kazumi Matsui, qui espère voir les dirigeants se pencher sur les efforts consentis pour maintenir aussi vivante que possible la mémoire d’un bombardement « aux conséquences inhumaines. Il faut que les pays participants soient conscients des effets des armes nucléaires et que la seule solution reste leur élimination ».

Pour faire passer le message, la ville a procédé à une campagne d’affichage massive. Les posters au logo de sept couleurs du G7, inspiré de l’origami symbolisant la paix et l’unité du monde, sont très visibles, sur les distributeurs de boissons ou le long de l’avenue de la Paix, grande artère arborée traversant la ville. Apparaît aussi, par endroits, une affiche dessinée par des lycéens de la ville, ornée de colombes sur fond azuré.

Militantisme

« La ville n’a jamais sombré dans la haine. Elle a préféré l’amour et l’engagement pour la tolérance afin qu’une telle tragédie ne se reproduise pas », souligne M. Matsui, rappelant qu’Hiroshima mène son combat depuis la fin de la seconde guerre mondiale. L’engagement pacifique a abouti à la création du parc de la Paix orné de bâtiments de l’architecte Kenzo Tange, puis par un militantisme qui a vite dépassé les frontières de l’Archipel. Hiroshima a accueilli en 1955 le symposium pour l’abolition des bombes A et H. La ville a créé le réseau des Maires pour la paix, qui rassemble aujourd’hui 8 256 municipalités du monde.

Le mouvement a contribué à l’adoption, en 2017, par l’ONU, du traité d’interdiction des armes nucléaires. Le texte n’a pas été signé par les pays dotés de telles armes ni par le Japon, qui bénéficie du parapluie nucléaire américain.

Cet activisme s’est appuyé sur la mobilisation des « hibakushas », les survivants du bombardement. Or, seuls 110 000 sont toujours vivants à Hiroshima et Nagasaki, l’autre ville bombardée, le 9 août 1945. Leur moyenne d’âge est de 86 ans. Pour perpétuer le souvenir de la tragédie, la ville cherche donc de nouveaux moyens qui auraient la même force que les témoignages des hibakushas. Le musée du mémorial de la paix a été refait à neuf pour rendre la visite plus touchante et plus internationale, avec l’accent mis sur les victimes étrangères, de Corée, d’Asie du Sud-Est ou encore des Etats-Unis − dix-huit prisonniers de guerre.

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Source : Le Monde.fr

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