L’USS Abraham Lincoln, à gauche, et le JS Kongo, à l’avant, naviguent en formation lors d’un exercice bilatéral américano-japonais en mer du Japon, le 12 avril 2022.

Escadres américaine et japonaise d’un côté, flotte russe de l’autre : la mer du Japon connaît une intense activité navale en écho aux « provocations » nord-coréennes mais aussi à la guerre en Ukraine. Cette montée des tensions interroge la stratégie de défense de Tokyo.

Le groupe aéronaval Abraham-Lincoln de la 7e flotte américaine et des navires des Forces maritimes japonaises d’autodéfense (FAD) poursuivaient, vendredi 15 avril, des exercices commencés trois jours plus tôt. Pour les Américains, ces manœuvres en mer du Japon constituent une première depuis celles de novembre 2017, menées après le sixième essai nucléaire nord-coréen.

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Présentée par le porte-parole du gouvernement japonais, Hirokazu Matsuno, comme un moyen de « renforcer la solidarité nippo-américaine, sans cibler un pays en particulier », l’opération coïncide pourtant avec les célébrations le 15 avril, à Pyongyang, du 110e anniversaire de la naissance de Kim Il-sung (1912-1994), le fondateur de la Corée du Nord. Ned Price, porte-parole du département d’Etat, a rappelé que le régime nord-coréen profite souvent d’occasions importantes « pour se livrer à des provocations ». Des spéculations circulent depuis plusieurs semaines sur un possible essai nucléaire. Le Nord a procédé à 14 tirs de missiles depuis le début de l’année.

Brusque refroidissement

La « provocation » attendue du Nord est néanmoins venue de Russie. La flotte russe du Pacifique a procédé le 14 avril, à quelques encâblures des bâtiments nippons et américains, à des tirs de missiles de croisière Kalibr – utilisés en Ukraine – par deux sous-marins à propulsion diesel, le Petropavlovsk-Kamchatski et le Volkhov. Annoncés par le ministère russe de la défense, ces essais ont mobilisé une quinzaine de navires.

Tokyo a « fait part de son inquiétude » à Moscou et lui a demandé d’éviter tout acte « susceptible d’accroître les tensions en Asie du Nord-Est ».

Les tirs témoignent du brusque refroidissement des relations entre Tokyo et Moscou depuis le début de l’invasion de l’Ukraine. Comme les Etats-Unis et l’Union européenne, le Japon a adopté des sanctions contre la Russie. Moscou a répliqué en mettant fin aux discussions sur un traité de paix bilatéral et en intensifiant ses activités militaires dans son extrême-orient.

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A la mi-mars, plusieurs navires russes ont été repérés au sud-est du cap Soya, le point le plus au nord de l’île japonaise d’Hokkaido. Des bâtiments de guerre et de transport de matériel militaire ont franchi le détroit de Tsugaru – entre Hokkaido et l’île principale du Honshu. Certains de ces navires avaient auparavant participé à des exercices en mer d’Okhotsk. Moscou a aussi procédé à des tirs de missiles sol-air S-300 sur Itouroup (Etorofu en japonais) et Kounachir (Kunashiri), deux des quatre îles des Kouriles du Sud, au nord d’Hokkaido, contrôlées par la Russie mais revendiquées par le Japon qui les appelle Territoires du Nord.

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Source : Le Monde.fr

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