Un postier dans une rue de Tokyo, le 17 avril 2020.

L’inexorable déclin de la distribution de courrier pousse la poste japonaise à renoncer à une partie de ses prérogatives. Voté vendredi 27 novembre, un amendement à la législation entourant cette activité met fin à la distribution le samedi et porte à quatre jours le délai maximal de délivrance, contre trois auparavant.

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La décision sanctionne la baisse régulière de l’usage du courrier. Au cours de l’exercice clos à la fin mars 2020, Japan Post (JP) a distribué 16,3 milliards de plis. Cinq ans auparavant, ses facteurs, connus pour leurs mobylettes rouges, en avaient remis 18,6 milliards. La pandémie de Covid-19 a vu l’activité reculer de 7,7 % entre avril et septembre par rapport à la même période en 2019. Ce déclin s’accompagne d’un problème de recrutement dans un pays confronté à une importante pénurie de main-d’œuvre, et à son corollaire : la hausse des coûts de personnel.

Développer le colis

A une époque marquée par l’usage généralisé du courrier électronique, « il est peu probable que la modification des services nuise considérablement aux intérêts des utilisateurs », a estimé le ministère de la gestion publique, responsable de cette activité soumise à une obligation de service universel, y compris dans les zones rurales, sur les îles éloignées et dans les régions montagneuses.

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Le ministère a aussi cédé à la pression d’une entreprise en difficulté. Depuis la privatisation de la poste nippone en 2007, JP est l’une des filiales de Japan Post Holdings, qui en compte deux autres : l’une chargée des activités bancaires et une autre, active dans l’assurance, lesquelles peinent à rester bénéficiaires. Le groupe a annoncé en mars la suppression de 10 000 emplois.

Le jour du Nouvel An, férié, l’archipel assiste à un véritable ballet de facteurs, qui effectuent deux, voire trois, tournées jusque tard le soir

Pour redresser ses comptes, JP veut aujourd’hui développer la distribution de colis, une activité encore marginale pour elle, mais en hausse de 21 % entre avril et septembre grâce au développement du commerce en ligne. Elle table aussi sur l’amendement voté qui, selon ses calculs, devrait lui faire économiser 62,5 milliards de yens (502 millions d’euros) par an, grâce notamment à la réduction des services de nuit permettant la distribution d’une lettre le lendemain de son envoi si le destinataire habite dans le même département que l’expéditeur ou dans un département voisin.

JP devrait aussi maintenir l’exception entourant les cartes de vœux du Nouvel An. Véritable institution au Japon, ces cartes, qui reprennent le motif de l’animal de la nouvelle année selon le calendrier chinois, doivent impérativement être distribuées le 1er janvier, sous peine de scandale abondamment repris par les médias. Ce jour-là, férié, l’archipel assiste à un véritable ballet de facteurs, qui effectuent deux, voire trois, tournées jusque tard le soir, et ce, même si, là aussi, le nombre de cartes diminue. Pour le Nouvel An de 2021, année du bœuf, JP en a mis en vente 1,94 milliard, 17 % de moins qu’il y a un an, pour l’année du rat.

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Source : Le Monde.fr

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