Lors d’un rassemblement pour les droits des LGBT dans le quartier de Shibuya, à Tokyo, le 6 juin 2021.

Après plusieurs reports et pour corriger l’ambiguïté de sa position au sein du G7, le gouvernement nippon a adopté vendredi 16 juin une loi de « promotion de la compréhension des minorités LGBT ». Ce texte a été voté avec l’appui de plusieurs composantes de l’opposition, dont le parti Komei et le parti Ishin de la restauration du Japon, au terme de laborieuses tractations, notamment avec la puissante frange conservatrice du Parti libéral-démocrate (PLD, au pouvoir), dont certains membres ont quitté la salle avant le vote.

Il reste extrêmement timide : « Aucune discrimination déraisonnable n’est acceptée sur la base de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre », précise-t-il, bien loin d’une condamnation ferme des discriminations dont sont victimes ces minorités. Toujours pour ménager les conservateurs et complaire au parti Ishin, le texte affirme aussi une volonté de « veiller à ce que tous les citoyens puissent vivre leur vie en toute sérénité » – une phrase ambiguë, qui semble destinée à promouvoir les droits de la majorité aux dépens des minorités sexuelles. Il ne prévoit par ailleurs aucune sanction.

Il a été critiqué par le Parti démocrate constitutionnel (PDC, opposition), pour lequel « une discrimination ne peut pas être raisonnable ou déraisonnable », et par les associations de défense des personnes LGBT. Elles ont manifesté devant le Parlement, le 12 juin, pour appeler à une prolongation des débats.

Certes des plus timides, la législation représente toutefois une avancée dans un pays à la traîne de ses partenaires du G7, tous dotés d’un arsenal législatif contre les discriminations des minorités sexuelles et autorisant le mariage ou l’union civile entre personnes de même sexe. « Au lieu de favoriser la compréhension, le nouveau texte risque de l’entraver », redoute pourtant Soshi Matsuoka, directeur exécutif de Fair, qui milite pour la cause LGBT. Selon une étude de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le Japon se classait 34e sur 35 pays membres en 2019 sur l’inclusion des personnes LGBT, alors qu’il était 22e en 1999.

Le texte a mis du temps à être accepté. En 2021, deux mois avant les Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo, le parti au pouvoir et l’opposition avaient validé un projet de loi visant à faciliter l’acceptation de la communauté LGBT. Le PLD avait finalement renoncé à le soumettre au Parlement, le camp conservateur s’opposant à la mention selon laquelle « la discrimination est inacceptable ». Leur argument reposait sur la difficulté à qualifier un comportement de « discriminatoire ».

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Source : Le Monde.fr

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