Le premier ministre japonais Fumio Kishida, le 10 juin 2022 à Singapour, lors du Dialogue de Shangri-La. Le premier ministre japonais Fumio Kishida, le 10 juin 2022 à Singapour, lors du Dialogue de Shangri-La.

Afin de donner tout son poids à la nouvelle orientation de la politique sécuritaire du Japon, c’est le premier ministre Fumio Kishida en personne qui a exposé à Singapour les grandes lignes d’un repositionnement de l’archipel démarqué du profil bas adopté par son pays dans le passé. Soulignant « les changements drastiques de perception qu’a entraînés l’agression russe de l’Ukraine », il a estimé que « la communauté internationale est aujourd’hui à la croisée des chemins » en matière d’enjeux sécuritaires. Sans mentionner une seule fois la Chine.

Le Japon « doit être plus proactif que jamais », a-t-il ajouté, estimant qu’« il est du devoir de son gouvernement de renforcer les forces de dissuasion du pays et de promouvoir la coopération régionale en matière de sécurité », afin de maintenir une région Indo-Pacifique « libre et ouverte », capable de « s’opposer à tout changement par la force du statu quo ».

Premier chef de gouvernement japonais à participer au Dialogue de Shangri-La depuis Shinzo Abe en 2014, M. Kishida annoncé une assistance de 2 milliards de dollars (1,9 milliard d’euros) aux marines des pays de la région Indo-Pacifique, ainsi que des transferts technologiques destinés à renforcer les capacités de celles-ci.

L’opinion favorable au réarmement

Le Japon prépare une nouvelle stratégie nationale de sécurité définissant les orientations pour les cinq ans à venir, fondée sur une « diplomatie réaliste ». M. Kishida n’a pas encore officialisé le passage du budget de défense à 2 % du PIB, comme le demande le Parti libéral-démocrate, dont il est le président. Mais il n’a pas manqué de faire allusion, au cours de son intervention à Singapour, à la décision allemande d’augmenter ses dépenses militaires.

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Le budget de la défense japonais pour l’exercice 2021 (47,2 milliards d’euros) représente un peu plus de 1 % du PIB. Ce 1 % est la limite que le Japon s’est imposée en 1976 comme la « norme provisoire » d’une « force minimale nécessaire à sa défense » devenue depuis un principe des gouvernements successifs. Cette autolimitation volontaire est critiquée par la droite, qui estime qu’elle entrave l’action des forces armées japonaises alors que l’Archipel doit faire face à une triple menace (Corée du Nord, Chine et Russie). Une augmentation du budget jusqu’à 2 % du PIB amènerait les dépenses militaires du Japon au niveau de celles prévues pour les pays de l’OTAN.

Selon les sondages, l’opinion, inquiète de l’invasion russe de l’Ukraine, y est favorable. Cette augmentation du budget de la défense est en revanche critiquée par plusieurs quotidiens (Asahi, Mainichi) qui estiment que le renoncement à l’autolimitation des dépenses militaires, symbolique du pacifisme constitutionnel, ouvrira la voie à d’autres augmentations par la suite.

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Source : Le Monde.fr

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