Eiko Kawasaki, l’une des plaignantes contre le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, en décembre 2018 à Tokyo. Eiko Kawasaki, l’une des plaignantes contre le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, en décembre 2018 à Tokyo.

Kim Jong-un intéresse la justice japonaise. Le dirigeant nord-coréen est convoqué jeudi 14 octobre à 10 heures à la salle d’audience 103 du tribunal de Tokyo. Selon l’injonction placardée devant le massif bâtiment du cœur de la capitale nippone, le « président de la commission des affaires d’Etat de la République populaire démocratique de Corée » (RPDC, nom officiel de la Corée du Nord) doit comparaître dans le cadre d’un procès intenté contre son pays. Cinq personnes réclament 500 millions de yens (3,8 millions d’euros) de dommages et intérêts à la Corée du Nord pour les avoir trompées en leur promettant une vie qu’ils n’ont jamais eue.

Les plaignants, quatre femmes et un homme, font partie des 93 000 Coréens du Japon et Japonais partis s’installer en Corée du Nord entre 1959 et 1984. Ils s’étaient laissés convaincre par une opération de propagande menée par l’intermédiaire de l’Association générale des Coréens du Japon (Chosen Soren), représentante de facto de la Corée du Nord dans l’Archipel – vantant la vie dans le nord de la péninsule, un « paradis sur terre »« tout ce qui est nécessaire, y compris le logement, l’éducation, la nourriture et les vêtements, est entièrement garanti ».

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En réalité, explique l’une des plaignantes, Eiko Kawasaki, partie en 1960, à l’âge de 17 ans, et revenue en 2003, « la Corée du Nord voulait attirer des Coréens, travailleurs qualifiés et techniciens, pour faire face à sa pénurie de main-d’œuvre ».

Perspective séduisante

A l’époque, la RPDC semblait une terre promise. Son économie se développait plus vite que celle d’une Corée du Sud enlisée dans la dictature de Syngman Rhee (1948-1960). La perspective était séduisante pour les Coréens arrivés dans l’Archipel pendant la colonisation japonaise (1910-1945) – volontairement ou dans le cadre du travail forcé –, et qui étaient restés au Japon après la guerre. Victimes de discriminations, beaucoup vivaient dans un réel dénuement.

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D’où ce choix d’embarquer, parfois avec un conjoint japonais, du port de Niigata (nord du Japon) pour celui de Chongjin (nord-est de la Corée du Nord) à bord d’un navire soviétique, avec le soutien des sociétés nippone et nord-coréenne de la Croix-Rouge, et l’appui du Comité international de la Croix-Rouge.

Le gouvernement nippon avait officiellement approuvé. La droite japonaise voyait là un moyen de se débarrasser d’une communauté indésirable. La gauche voulait promouvoir la Corée socialiste. Quant au Kremlin, cet exode d’un pays capitaliste vers un Etat socialiste avait tout d’un argument de propagande.

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Source : Le Monde.fr

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