A Tokyo (Japon), le 15 août 2022. A Tokyo (Japon), le 15 août 2022.

Les Japonais redécouvrent les joies des soirées au restaurant et au karaoké, pour le plus grand bien d’une économie nippone qui a enfin retrouvé son niveau d’avant la pandémie due au coronavirus. Une embellie toutefois menacée par de sombres perspectives, notamment en matière d’inflation. Conscient des inquiétudes de la population sur ce point, le premier ministre, Fumio Kishida, a appelé, lundi 15 août, son gouvernement à « tout faire face à l’urgence actuelle ». « La flambée des prix des produits de première nécessité, dont le pain et les nouilles, est très inquiétante », a déclaré M. Kishida, qui redoute un bond de plus de 20 % des tarifs du blé à partir d’octobre.

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L’inquiétude a tempéré l’annonce, quelques heures auparavant, d’un produit intérieur brut (PIB) en hausse de 0,5 % entre avril et juin, soit 2,2 % sur un an. L’économie nippone a crû pour le troisième trimestre consécutif, ce qui lui a permis de légèrement dépasser le niveau du dernier trimestre 2019, juste avant la pandémie.

Faiblesse du yen

La progression des dépenses des particuliers, de 1,2 % par rapport au trimestre précédent, y a grandement contribué. « Le bond de la consommation a été tiré par les sorties au restaurant, les nuitées d’hôtels et les activités de loisir », constate Naoyuki Shiraishi, de l’Institut japonais de recherche. Les Japonais ont recommencé à sortir après la levée, en mars, des restrictions de déplacement appliquées pour endiguer une sixième vague de contaminations. En parallèle, les investissements en capital des entreprises, portés par les efforts en faveur de la transition numérique, ont crû de 1,4 %, après un recul de 0,3 % entre janvier et mars.

« Les entreprises hésitent de moins en moins à augmenter les prix et le font plus vite », a constaté la société Teikoku Databank

L’euphorie ne devrait toutefois pas durer. Outre que la progression du PIB est inférieure aux attentes des économistes, qui tablaient sur une hausse de 2,7 %, l’économie nippone devrait subir le contrecoup du ralentissement économique mondial, qui s’ajoute à la faiblesse persistante du yen, à près de 137 yens pour un dollar, son plus bas niveau depuis vingt-cinq ans. Tout cela alimente l’inflation. A 2,4 % en juin, elle n’atteint pas les niveaux des Etats-Unis ou de l’Allemagne, où elle a bondi respectivement de 8,5 % et de 7,5 %. Cependant, elle mécontente des Japonais habitués à de faibles variations de prix pendant la longue période de pressions déflationnistes amorcée à la fin des années 1990 − et qui semble toucher à sa fin.

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Source : Le Monde.fr

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