Luca de Meo, directeur général de Renault, le 22 novembre 2022 à Paris.

C’est un accord qui doit mettre fin aux frustrations de deux partenaires, dont les relations ne parviennent pas à se réchauffer depuis l’arrestation spectaculaire de Carlos Ghosn en novembre 2018. Lundi 6 février, dans un grand hôtel de Londres, les constructeurs automobiles Renault, Nissan et Mitsubishi ont présenté les contours de leur nouvelle alliance actionnariale et opérationnelle, avec « une série d’initiatives pour faire passer leur partenariat à l’étape supérieure », précise un communiqué commun. Il a été approuvé par le conseil d’administration de Renault dimanche soir et par celui de Nissan lundi.

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Le nouvel équilibre, qui a nécessité presque un an de négociations, ressemble à ce que réclamaient les Japonais depuis des années : Renault renonce à sa participation de 43,4 % dans Nissan, datant de 1999, et accepte de s’aligner sur la participation de 15 % de Nissan dans Renault. Les deux constructeurs auront ainsi à l’avenir des participations croisées équilibrées, de 15 % chacun, avec un engagement de ne pas monter ni descendre pendant quinze ans.

Le français ne pouvant pas céder ses 28,4 % de Nissan sans afficher une très lourde perte, il les placera dans une fiducie de droit français, une structure juridique qui gérera ces actions conformément à l’accord trouvé avec Nissan : en reversant les dividendes à Renault et en renonçant à exercer ses droits de vote. Quand le cours de Nissan remontera, Renault pourra vendre ses titres sur le marché, en laissant à Nissan la possibilité de les reprendre ou de désigner un tiers de son choix pour le faire.

« Nous n’avions aucun pouvoir »

« Nous avions 44 % de Nissan, mais nous n’avions aucun pouvoir, ce qui générait beaucoup de frustration de notre côté, même si nous évitions d’en parler », reconnaît aujourd’hui Jean-Dominique Senard, le président de Renault, qui se débarrasse enfin de l’accord d’actionnaires dit Rama 2, qui, depuis 2015, interdit au groupe français de voter contre les décisions prises par la direction de Nissan. De son côté, le groupe japonais se méfiait de ces Français et de leur envie de fusionner les deux constructeurs et jugeait injuste de ne pas pouvoir utiliser le droit de vote lié à ses 15 % de Renault, le droit boursier français traitant Nissan comme une filiale de la marque au losange.

Le nouvel équilibre convient donc à tout le monde, mais il n’est pas interprété de la même manière par les deux parties. Côté Renault, on croit au renforcement de l’alliance opérationnelle entre les deux groupes, un « programme de grande envergure », dit le communiqué. « Ensemble, nous avons 10 % du marché mondial, il nous reste les 90 % restant à conquérir et nous sommes mieux armés à deux pour le faire », résume Luca de Meo.

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Source : Le Monde.fr

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