A l’usine Toyota d’Onnaing (Nord), le 23 avril 2020. A l’usine Toyota d’Onnaing (Nord), le 23 avril 2020.

Pertes et profits. Voilà un miracle qui devrait réjouir à la fois les partisans d’une société plus sobre et les défenseurs de la croissance. Le premier constructeur automobile mondial, Toyota, a expliqué, jeudi 4 novembre, qu’il allait produire près de 300 000 voitures en moins que prévu cette année, mais que ses bénéfices, et même son chiffre d’affaires, allaient, dans le même temps, exploser. Il prévoit de réaliser un profit de près de 19 milliards d’euros sur son année fiscale, qui se terminera en mars 2022.

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Le miracle s’explique. La baisse de la production, annoncée en septembre, est due aux difficultés d’approvisionnement qu’endurent tous les constructeurs de la planète. De puces électroniques, bien sûr, mais aussi de composants de toutes sortes. Ses fournisseurs du Vietnam et de Malaisie ont fermé des usines pour raison sanitaire. Mais cette mauvaise nouvelle est compensée par le fait que la demande des particuliers reste forte. Elle s’est reportée d’abord sur les voitures d’occasion.

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Mais la hausse des prix qui s’en est suivie, couplée à la pénurie, a permis aux concessionnaires de la marque, comme ceux de la plupart des grands constructeurs mondiaux, de mettre fin aux ristournes commerciales qui grevaient la rentabilité des modèles. De plus, il a pu privilégier ses modèles les plus rentables. Il a enfin profité de la dépréciation du yen par rapport au dollar et à l’euro, qui a gonflé ses ressources en monnaie nipponne.

Les règles du jeu changent à la vitesse de l’éclair

Faire plus avec moins. Décidément, cette crise sanitaire et ses nombreuses répliques permettent toutes les expérimentations, tant en matière de modèle économique que d’organisation du travail. Les règles du jeu changent à la vitesse de l’éclair, et les clients comme les entreprises s’adaptent. La reprise actuelle confirme l’appétit des consommateurs, quitte à basculer vers le marché de l’occasion. Rappelons que l’automobile est, avec l’immobilier, l’un des rares secteurs où le marché de la seconde main, très diffu, donc moins visible, est largement supérieur à celui du neuf, et que le recyclage, des pièces comme des matériaux, y est totalement banalisé.

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En dépit de ce petit pas vers une forme de sobriété, la voiture reste dans le collimateur des écologistes pour les émissions de ses moteurs. A l’occasion de la COP 26 de Glasgow sur le climat, l’ONG Greenpeace a publié un classement des constructeurs en fonction de leur calendrier de sortie du moteur thermique. Et Toyota arrive 10e et dernier du classement. Un comble pour l’inventeur du moteur hybride. Même les miracles ont leurs limites.

Source : Le Monde.fr

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