Tribune. Le Quad, ce format de coopération quadrilatéral pour la sécurité, s’est réuni, le 24 mai, à Tokyo. Le gouvernement travailliste d’Anthony Albanese, élu trois jours plus tôt en Australie, a ainsi rencontré les principaux partenaires pour la sécurité de Canberra dans la région Indo-Pacifique : Etats-Unis, Japon et Inde.

On note parmi les absents le Royaume-Uni, qui, sans faire partie de cette alliance, est redevenu pour l’Australie un partenaire de premier plan avec la signature d’Aukus [nom de l’alliance entre l’Australie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis sur la base de l’acronyme Australia-United Kingdom-United States] en septembre 2021, ce contrat qui a fait tant de mal à l’ego français. La France non plus ne fait pas partie du Quad.

Ces élections australiennes n’en seraient pas moins l’occasion pour les Français de reprendre contact avec un gouvernement australien qui entend marquer une rupture avec ses prédécesseurs conservateurs, en particulier sur un point cher à Emmanuel Macron : le changement climatique.

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Aukus est un accord auquel le Japon a clairement annoncé souhaiter être associé : la France pourrait manifester son intérêt de la même manière, en dépit des événements de l’année 2021. Le renouvellement électoral, de part et d’autre, est l’occasion de le faire. Il appartient à la France de faciliter cette reprise de contact avec un partenaire essentiel pour elle dans l’Indo-Pacifique.

Une enceinte de coopération souple

Le Quad est une alliance militaire qui gagne en importance : elle s’est institutionnalisée (ses sommets sont réguliers, les rencontres intermédiaires, fréquentes et à différents niveaux), elle a étendu ses compétences (aux vaccins et au changement climatique, désormais) et a dressé des partenariats (un « Quad Plus » a pu associer la Corée du Sud, la Nouvelle-Zélande et le Vietnam, voire le Brésil et Israël dans le contexte de la lutte contre la pandémie en 2020).

Il s’agit d’une enceinte de coopération souple à laquelle le Royaume-Uni et la France pourraient être invités à leur tour, un jour. Mais, pour la présence française dans la région Indo-Pacifique, les liens avec l’Australie comptent davantage que le Quad. Ils ont été très affectés par la résiliation soudaine, en 2021, de l’accord sur les sous-marins qui avait été conclu en 2016. La France s’est alors tournée vers d’autres partenaires, comme l’Inde ou l’Asie du Sud-Est, pour pallier la rupture avec l’Australie.

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Ces partenariats sont certainement bénéfiques, mais sont-ils de même valeur ? Nos territoires de la région ont des contacts bien plus réguliers avec l’Australie, puissance du Pacifique Sud, qu’avec la métropole. Elle est le grand voisin qu’on ne peut ignorer. Elle est aussi au cœur des coopérations de sécurité qui se nouent entre l’Inde, le Japon, ou de fait avec notre partenaire pour la défense de l’Europe (nonobstant le Brexit) – le Royaume-Uni – et notre allié dans la sécurité de l’Europe au sein de l’OTAN – les Etats-Unis –, dont la guerre en Ukraine nous rappelle combien nous avons besoin.

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Source : Le Monde.fr

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