La confiance des dirigeants du constructeur japonais dans le nouveau président de Renault, Jean-Dominique Senard, s’est déjà érodée.

Par Philippe Mesmer et Éric Béziat Publié le 02 mai 2019 à 11h28 – Mis à jour le 02 mai 2019 à 11h59

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Jean-Dominique Senard (à gauche), président de Renault, et Hiroto Saikawa, le patron de Nissan, au siège social du constructeur japonais à Yokohama (Japon), le 12 mars.
Jean-Dominique Senard (à gauche), président de Renault, et Hiroto Saikawa, le patron de Nissan, au siège social du constructeur japonais à Yokohama (Japon), le 12 mars. David Mareuil / Anadolu Agency / AFP

Un peu comme dans un mariage qui a été au bord de la rupture, la réconciliation entre Renault et Nissan n’est pas un long fleuve tranquille. Après la grave crise qui a suivi l’arrestation pour malversations financières, le 19 novembre 2018, de Carlos Ghosn, alors président de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, la nomination deux mois plus tard de Jean-Dominique Senard comme président de Renault, associé au directeur général Thierry Bolloré, avait apaisé les relations et fait repartir la première alliance automobile mondiale sur de nouvelles bases.

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Pourtant, à peine le nouveau partenariat formellement mis en place les 11 et 12 avril à Paris, des tensions réapparaissent après la révélation, fin avril, qu’un projet est à l’étude pour fusionner Renault (qui détient 43 % de Nissan) et Nissan (qui possède 15 % de Renault et 34 % de Mitsubishi) à travers une compagnie holding de tête détenue à parité. A vrai dire, la direction de Nissan semble arc-boutée sur son refus d’une fusion. Les dirigeants nippons ont été informés de ce projet par M. Senard dès la rencontre des 11 et 12 avril, selon un bon connaisseur de la direction du groupe japonais. « Sur ce sujet, Senard a été assez tranchant avec le patron de Nissan, Hiroto Saikawa », indique cette source.

Manifestement, l’équipe de direction de Nissan n’a aimé ni le ton ni le fond de l’affaire. M. Saikawa a d’ailleurs refusé de recevoir des banquiers de SMBC Nikko mandatés par Renault pour parvenir à un accord, ainsi que l’a révélé le quotidien Les Echos. « Au siège de Yokohama prévaut le sentiment qu’il y a un double discours, continue notre informateur. M. Senard affirmait en public que le moment n’était pas venu d’évoquer des changements capitalistiques, alors que, en privé, se préparait une fusion ressemblant presque trait pour trait à celle que concoctait Carlos Ghosn. Le cri général à la direction de Nissan c’était : “Quoi, encore cette vieille histoire !” La confiance, qui était quasi totale envers M. Senard, a été érodée. »

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Faire redescendre la fièvre

Nissan aurait donc le sentiment désagréable que Renault manœuvre afin de tirer parti de la faiblesse économique du constructeur japonais, qui présentera des résultats financiers, annoncés comme très mauvais, le 14 mai. « Ce n’est pas le moment de s’occuper de fusion, explique cette même source. C’est même prendre le risque énorme de détruire encore plus de valeur économique. Fusionner est contraire à l’intérêt de Nissan. Il y a un risque de voir partir nos forces vives, en particulier nos ingénieurs dans le domaine électrique. »

Source : Le Monde.fr

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